Zoé avait bien joué dehors avec ses grands frères. Ils avaient fait un grand bonhomme de neige. De ses petites mains rougies par le froid, Zoé avait cherché et trouvé les jolis cailloux qui faisaient de merveilleux yeux pour ce bonhomme.
C’est l’hiver
Rentrée à la maison, où les restrictions d’énergie ne permettaient qu’une maigre chaleur, elle avait bien du mal à se réchauffer. Maman était affairée à préparer un bouillon qui, avec des croutons frottés à l’ail et une bonne salade de carottes, calmerait les estomacs de ses petits affamés.
Avant d’aller au lit, les enfants ont prononcé leurs prières. Comme chaque soir depuis bien longtemps, ils ont demandé à Dieu de veiller sur leur papa parti chercher du travail au loin, et dont ils sont sans nouvelles. Enfin au lit, ils se sont endormis.
Quel beau rêve !
Dormaient-ils vraiment ? Je ne sais pas, mais Zoé s’est envolée bien loin dans une ville qu’elle ne connaissait pas. Bien sûr, les maisons ressemblaient aux petites maisons miniatures des vitrines illuminées de son village, mais tout y semblait merveilleux, comme paré de lumière, de chaleur, de joie. S’avançant pas à pas dans les ruelles, Zoé découvrait, ici des guirlandes soyeuses et étincelantes, plus loin des boules aux couleurs chatoyantes. Un peu plus loin, elle aperçut de gros oiseaux qui rôtissaient en tournant au-dessus d’un beau feu de bois. S’aventurant plus hardiment, elle arriva devant la vitrine d’un magasin oùelle n’avait pas assez d’yeux pour admirer tout ce qu’elle voyait : poupées toutes plus belles les unes que les autres, animaux en peluche qui semblaient avoir envie d’être câlinés, voitures de pompiers aux belles couleurs rouges, petits trains qui roulaient tout seuls sur des rails miniatures…
Un réveil un peu dur
Mais une chaude main la secoue : « Zoé, il est temps de te lever, c’est aujourd’hui la fête de Noël de l’école. »
Manquer cette fête ? Pas question pour Zoé. Elle avait tellement mis de cœur à apprendre son petit poème que, pour rien au monde, elle n’aurait manqué l’occasion. Tous sont enfin prêts et c’est avec joie qu’ils se dirigent vers la salle des fêtes. Un grand sapin, garni de guirlandes lumineuses, apporte à l’édifice une note de gaieté. Quand vient son tour, Zoé récite son poème en y mettant bien le ton. Le sourire de sa mère la remplit de fierté.
Aujourd’hui, c’est Noël
Quelques jours plus tard, c’est Noël. Au réveil, tout le petit monde est excité. Zoé repense au rêve qu’elle a fait il y a quelques nuits. Elle a hâte de découvrir son cadeau. Maman voit l’excitation de ses enfants et veut que ce jour soit une fête. Elle leur propose de commencer à déballer les petits cadeaux qu’elle a soigneusement emballés. Le bébé a une petite veste toute douce que maman lui a tricotée en cachette, comme elle a aussi tricoté une bonne paire de chaussettes chaudes pour l’aîné des garçons, une grosse écharpe pour le second et une paire de mitaines rouges ornées d’un flocon de neige brodé pour Zoé.
Quelle belle surprise !
Les enfants n’ont pas le temps de s’attarder sur les cadeaux déjà déballés qu’ils entendent la porte de l’appartement se refermer. Ils se retournent pour voir qui a bien pu entrer sans sonner. C’est alors qu’une grande silhouette s’encadre dans l’ouverture. Ainsi d’une seule voix, comme s’ils s’étaient donné un signal, les enfants s’écrient : « Papa ! »
Une joie immense
Les enfants oublient les cadeaux. Ils se précipitent vers leur père. Mais, qui ressent encore la température un peu fraîche ? Qui pense aux cadeaux ? Qui pense au repas ? Personne ! Tout le monde se précipite sur papa et réclame son attention : « Papa, tu sais, à la fête de l’école… »
Zoé ne peut pas finir sa phrase, elle est interrompue par l’un de ses frères, lui-même interrompu par l’autre frère. Mais qu’importe ! Aujourd’hui, la joie n’est ni dans les cadeaux, ni dans le repas, ni dans tout ce que l’on voudrait dire.
Mais où est-elle, cette joie ?