Lors des mémorables obsèques de Johnny Hallyday, Philippe Labro a fait un discours très remarquable sur les pièges de la gloire, qui n’avaient pas épargné notre rocker national, mais aussi sur la Grâce, qui transcende tout cela. Son texte n’était pas confessant, pas explicitement chrétien, mais il aurait pu l’être. On sous-entendait bien le pardon au moment où, dans une église, on remettait à Dieu un homme qui avait été un grand pécheur et qui avait conscience de l’être.
Pas tous la même chance au départ
« Pardon », c’était le titre d’une chanson écrite par Labro pour Johnny dans son album Sang pour sang (1999). La chanson met l’accent sur une dimension de la faute humaine que l’on a tendance à négliger : le fait de ne pas avoir été éduqué à aimer.
Dans les Dix Commandements, quand il est dit que Dieu punit la faute des pères jusqu’à la troisième et quatrième génération, n’est-ce pas une façon d’observer que les enfants trinquent pour la méchanceté ou la bêtise des parents ? Bien plus tard, le prophète Ézéchiel reprendra cela pour annoncer un changement : « Pourquoi entend-on répéter ce proverbe : “Les parents ont mangé des raisins verts, mais ce sont les enfants qui ont mal aux dents ?” Par ma vie, je l’affirme, moi, le Seigneur Dieu, vous n’aurez plus à répéter ce proverbe. »
Dans l’attente de la vraie justice
Cette chanson parle des enfants qui ont grandi de travers, sans tuteur. Comme Johnny, abandonné par ses parents et élevé par des gens dévoués qui ont fait ce qu’ils ont pu, mais sans pouvoir remplacer la stabilité d’un foyer. Labro et Johnny intercèdent pour tous ceux « qui n’ont jamais appris le verbe aimer ». Et on n’a guère de doutes sur l’identité de Celui qu’ils implorent : « Je viens vous demander d’accorder votre grâce à ceux que la vie a blessés. »
Plusieurs textes de la Bible montrent que Dieu, qui est parfaitement juste, jugera ceux qui ont beaucoup reçu plus sévèrement que ceux qui ont été privés de tout. Les circonstances atténuantes font partie du jugement divin. Cela ne signifie pas qu’il faut tenir le coupable pour innocent mais que, savoir d’où il vient, doit permettre de le percevoir autrement.
Pardon
(David Hallyday/Philippe Labro)
Pardon, je viens vous demander
Pardon pour tous les hommes
Qui n’ont jamais appris le verbe aimer,
Qui n’ont jamais compris
La force de l’amour, la beauté de la vie.
Pardon, au nom de tous les hommes
Qui ne savent pas aimer, oh ! Pardon.
Au nom de tous les hommes
Qui n’ont jamais aimé, oh ! Pardon.
Pardon, je viens vous demander
Pardon pour tous les hommes
Qui ignorent le prix
De l’amitié,
Qui n’ont jamais connu
Les larmes d’un enfant, le sourire d’une femme.
Pardon, au nom de tous les hommes
Qui ne savent pas aimer, pardon.
Au nom de tous les hommes
Qui n’ont jamais aimé, oh ! Pardon.
Donne-moi ton regard, donne-moi ta lumière,
Donne-moi de l’amour sans quoi, oui, je désespère.
Apprends-moi à aimer, apprends-moi la tendresse,
Détruis mes habitudes, détruis ma solitude, oh ! Pardon.
Pardon, je viens vous demander
D’accorder votre grâce à ceux que la vie
A blessés, et lorsque le temps passe
Ils se retrouvent nus, perdus, désespérés.
Pardon, au nom de tous les hommes
Qui ne savent pas aimer, pardon.
Au nom de tous les hommes
Qui n’ont jamais aimé, oh ! Pardon.