Najat Vallaud-Belkacem, la Ministre du Droit des femmes en France, a trouvé « bienvenue » la suppression de la clause de « situation de détresse » qui figurait dans les conditions de l’accès à l’IVG. Pourquoi ? Parce que (je cite) cette clause est « obsolète ».
La politique des petits pas
Ce genre d’argument est celui qui nous a fait passer du PACS au Mariage pour Tous. Au siècle dernier (1998), Élisabeth Guigou avait juré, au moment de l’adoption du PACS : « Le Gouvernement a, voulu que le pacte ne concerne pas la famille. Il n’aura donc pas d’effet sur la filiation. » Quinze ans plus tard, cette profession de foi était devenue… obsolète.
Qu’est-ce qui est admis aujourd’hui et qui demain sera obsolète ? Rouler à 90 sur route (on nous instille le 80) ? L’entretien des maisons de retraite médicalisées (les retraites coûtent cher ; l’euthanasie passive pourrait devenir active) ? Fumer du tabac (la tolérance rampante au cannabis détrônera le cigare de Columbo) ?
Au 19ème siècle, Marx avait déclaré les religions obsolètes. Ironie de l’Histoire, le Grand Soir qui devait être l’œuvre de l’Homme enfin délivré de son Dieu ou de ses dieux n’a jamais eu lieu. Marx est devenu obsolète et les religions sont revenues en force (en partie dans leur version extrémiste, hélas).
Argument zéro
Le remboursement de l’IVG à 100% et la non prise en compte de la « situation de détresse » ratifient ce qui se passe déjà : la banalisation d’un acte qui devrait rester une décision grave et conditionnée à des impératifs sérieux. Une infirmière à l’hôpital de Melun a connu une femme qui en était à son huitième avortement ; elle aura désormais la pleine bénédiction de la Sécurité Sociale. Voilà où mène l’argument d’« obsolescence ». Pour ceux qui se donnent encore la peine de réfléchir, il est le degré zéro de la pensée.
Aujourd’hui, les choix de société sont traités sous l’angle de la ringardisation de l’autre, à coups d’éditoriaux persifleurs. Qui n’est pas avec nous est contre nous. Qui veut introduire au moins des bémols dans telle évolution législative est un catho intégriste, un fasciste, un passéiste. Son argumentation n’a aucune valeur : elle ne va pas dans le sens de l’Histoire édicté en haut lieu.
Face à cela, il y a un texte de l’apôtre Paul que je ne cesse de trouver admirable : « Ne suivez pas les coutumes du monde où nous vivons, mais laissez Dieu vous transformer en vous donnant une intelligence nouvelle(1) ».
Mon pari
Or, le monde présent nous impose d’être dans l’air du temps –conformes– et de ne pas faire travailler notre intelligence. Celle-ci est qualifiée d’obsolète dès lors qu’elle ne gobe pas la mentalité officielle. Quant à la laïcité de combat, elle vise à marginaliser les croyants : ils n’ont pas à vouloir partager avec la société ce qu’ils comprennent des sages conseils de leur Dieu : Dieu est hors-circuit, politiquement incorrect. Et tellement vieux, tellement obsolète.
Mais au concours d’obsolescence, je fais un pari en me ralliant à cette annonce du Christ : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas(2) ». L’Évangile ne sera jamais obsolète ; ça fait deux mille ans qu’il passe au travers de tous les lance-flammes de l’Histoire. C’est pourquoi je le lis avec délectation.