Mon ami vient du Moyen-Orient. Il est arrivé en Europe par bateau via la Grèce pour finir en Italie. La traversée ne fut pas facile. Il a connu trois naufrages et est même resté dans l’eau un jour et une nuit. Il a été la proie des brigands et de politiciens sans scrupules.
Difficile d’être étranger
Son accueil dans les villes grecques a été rarement bon. Pourtant, partout où il passait, il mettait un point d’honneur à ne pas dépendre de la charité locale. Il a appris un métier et il a travaillé jour et nuit pour subvenir à ses besoins et à ceux des amis qui l’accompagnaient.
Étranger, il a dû faire face à la haine : agressé plusieurs fois, il a même été battu et laissé pour mort. Il a été obligé de fuir. La « justice » a souvent préféré croire les mensonges des populations locales que ses propres déclarations. Il a donc connu la prison, plusieurs fois, toujours pour des accusations qui ne tenaient pas debout. Il a bien tenté de plaider sa cause mais son bon droit a été rarement entendu. Jusqu’à présent, il a malgré tout réussi à s’en sortir. Mais je crains pour son dernier procès prévu à Rome : il risque la peine de mort.
Des épreuves sans fin
Il a un jour dressé le catalogue de ce qu’il a subi : la faim, la nudité, le danger de mort, la solitude, les persécutions, les condamnations injustes, l’angoisse... sans compter sa crainte d’attaques de forces spirituelles néfastes. Il est doux, il ne s’impose pas et pourtant on l’a souvent dépeint comme un fanatique religieux, l’accusant d’apporter avec lui une nouvelle religion et de déstabiliser ainsi la société. Il a pourtant comme seul tort de partager ce qui donne du sens à sa vie.
Mystère à élucider
Ce qui m’a toujours surpris au milieu de tout cela, c’est que mon ami est heureux. Heureux, même s’il a quitté sa terre natale pour venir en Europe, heureux même lorsqu’on le rejette, l’emprisonne et le déteste. Pourtant, mon ami n’est pas un de ces doux dingues masochistes ni un adepte du martyre. Il lui arrive de pleurer dans les moments difficiles mais il a toujours été animé par quelque chose de plus profond, de plus fort, de plus grand. Rien, en définitive, ne l’empêche d’être heureux. De toute évidence, sa vie est basée sur un fondement solide. Il se dégage de lui une force et une sérénité qui me font envie.
Tout s’explique
Mon ami n’est pas syrien, ni irakien ou afghan. Ce n’est pas non plus cette année qu’il a débarqué en Grèce, mais il y a bien longtemps. Il est juif, né en Turquie, pas loin de la frontière syrienne. Il est venu en Europe parce qu’il voulait que des gens comme moi entendent une bonne nouvelle qui sauve tous ceux qui y croient : Dieu a manifesté son amour en Jésus-Christ et rien ni personne ne pourra jamais nous en séparer.
Mon ami s’appelle Paul. Il nous a laissé beaucoup de lettres qu’on trouve dans la Bible. Son secret s’y trouve expliqué. Et s’il devenait aussi votre ami ?