Quel est votre sentiment sur ce que vous avez vécu ?
C’est vrai que je suis passé très près de la mort. Quand je suis sorti de réanimation, ma mère m’a appelé Lazare en référence à cet homme de la Bible que Jésus avait ramené à la vie.
Depuis, j’ai le sentiment d’avoir reçu un cadeau de la vie, un sursis.
Je suis reconnaissant envers Dieu car il a usé de bonté et de compassion envers moi. Pour avoir lu la Bible, je savais qu’il fallait être reconnaissant, mais aujourd’hui, ce n’est plus intellectuel, cela entre dans la vie, cela « s’incarne ». Je suis dans la reconnaissance aussi vis-à-vis de ceux qui ont pensé à moi, et vis-à-vis du personnel hospitalier. Très admiratif aussi de leur engagement et de leur gentillesse. C’est plus que du dévouement, c’est presque de la consécration.
Je regarde aujourd’hui cette expérience avec recul. À part les moments de détresse respiratoire à l’arrivée à l’hôpital, ce n’est pas un mauvais souvenir. Une sérénité m’a habité en permanence. On peut lire dans la Bible : « C’est dans le calme et la confiance que sera votre force. » C’est ce que j’ai vécu et j’ai eu l’occasion d’en témoigner depuis auprès des voisins et dans plusieurs journaux. C’est le bon côté !
Avez-vous eu peur ?
La partie difficile a été la sortie du coma. Je pouvais à peine bouger les jambes et n’avais plus aucune force dans les bras. Pour lever un verre d’eau et boire, c’est comme si j’avais dix kilos dans la main. On se demande alors si on va récupérer…
J’ai éprouvé de l’inquiétude mais je n’étais pas dans la peur. Les promesses de Dieu dans la Bible m’ont rassuré et m’ont donné une forme de sérénité. Cela m’a aidé à prendre mon mal en patience… Ensuite, j’ai dû réapprendre les gestes du quotidien : manger, marcher, me doucher… J’ai repris espoir en faisant du sport pour retrouver des muscles.
En quoi votre vision de la vie a-t-elle été modifiée ?
Cela m’a donné une force intérieure, j’ai été conforté dans mes convictions acquises tout au long de ma vie depuis ma conversion à Jésus-Christ quand j’avais 14 ans.
Cela m’a rendu plus attentif à l’autre. Je ne parle plus aux gens de la même manière selon leur état. Quand on est malade, ce sont des vérités simples qui font du bien. J’en ai fait l’expérience. On n’est pas en mesure de creuser les choses. Il ne faut pas mettre la barre trop haut. Il y a des mots qui suscitent l’espérance, et d’autres qui écrasent.
Vous avez parlé à plusieurs reprises du « monde d’après ». Comment le voyez-vous ?
Les crises sont là pour nous faire réfléchir et faire changer les comportements. « Au jour du malheur, réfléchis » dit la Bible. La pandémie a mis en lumière la fragilité de notre économie. Un virus a suffi pour mettre à mal la planète. Pourtant, il est infiniment petit !
Ce qui impressionne, c’est que les crises sont aujourd’hui à l’échelle planétaire. Le monde est devenu un village. Nous sommes liés les uns aux autres sur tous les continents.
On peut s’attendre à d’autres catastrophes, en particulier climatiques. On en parle depuis 40-50 ans. D’après les spécialistes, un million de Français pourraient être concernés par le réchauffement climatique et la hausse du niveau des eaux. Avant, les catastrophes nous laissaient indifférents car elles se passaient généralement loin de chez nous. Aujourd’hui, c’est plus près de nous.
« Le monde d’après » doit amener une nouvelle gestion du quotidien, réfléchir aux conséquences de nos comportements pour tout ce qui a trait à la nature, au climat et à la santé. Il doit être meilleur, plus vert. On ne peut pas continuer à vivre dans une folie inconsciente, la tête dans le guidon. Il y a des modes de vie à changer, des habitudes à modifier, des réformes à faire.
Est-ce que les chrétiens ont un message en ces temps de crise ?
Le monde ne va pas bien. Il faut être prêt à donner des réponses, des paroles qui annoncent l’amour, la bonté, l’espérance… Les chrétiens seront questionnés s’ils ont une attitude saine, équilibrée, solide, s’ils manifestent de la réflexion, de la sagesse. Les gens remarqueront alors qu’ils ont quelque chose de différent.
Êtes-vous optimiste par rapport à l’avenir ?
Pour toutes celles et tous ceux qui oseront la foi, oui, je suis optimiste. Je reprendrai ce que disait Billy Graham, invité par Patrick Poivre d’Arvor**: « J’ai lu la Bible et j’ai vu qu’à la fin, ça se termine bien, donc je suis optimiste. »
« Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas. »*
C’est important de lire et relire la Bible pour avoir le texte en soi et être habité par lui. Ce sont les fondations de la maison. Même si la tempête souffle, elle tient bon.
À l’hôpital, les textes mémorisés et médités tout au long de ces années, pendant lesquelles j’ai bien lu la Bible une quarantaine de fois, me sont revenus. Des paroles simples qui m’ont fait chaud au cœur. Comme un gâteau très agréable ! La présence de Dieu, la communion avec Dieu, ses promesses de consolation, d’amour… Il ne me restait plus que ça.
*Matthieu 24.35