J’ai le souvenir de la mort de mon cousin de douze ans. C’était le lendemain de la fête d’anniversaire de mes dix ans. Le jour d’avant, nous avions ri et joué ensemble. Le jour d’après, nous le pleurions !.
Exprimer la tristesse
À cette époque nous avions culturellement l’habitude de mettre, au moins le jour du deuil, des habits noirs ou sombres. On exprimait la mort à travers les vêtements, et tout le monde, dès tout petit, savait ce que cela signifiait.
Quand, enfant, on remarquait que la voisine s’habillait depuis peu en noir, c’était l’occasion de poser la question du « pourquoi » et ainsi de parler « normalement », simplement du aurevoir, de l’adieu (à Dieu), de la mort.
Aujourd’hui, rien ne nous aide dans notre culture, à voir la mort autour de nous, ni à accepter la mort comme un fait dans la vie.
Une tendance à nier la mort
Le plus souvent, les enfants ne participent même plus à l’inhumation d’un proche. On entend souvent : « Inutile de leur faire supporter cette cérémonie », « ils n’ont pas besoin de vivre cela », « trop douloureux pour eux »… Savons-nous réellement ce qu’ils souhaiteraient ?
La tristesse n’est plus exprimée par des habits. Nous essayons de la cacher, de l’effacer, de faire comme si elle n’existait pas. C’est comme si la mort était honteuse et que nous voulions conjurer le sort. Pourtant elle sévit toujours, à tout âge, à tout moment. Elle intervient de façon violente, intrusive. Elle est sans doute plus acceptable quand le défunt est une personne âgée, mais elle s’accompagne toujours de son lot de tristesse.
Oser dire
Arrêtons de vouloir nier la mort ou de nous dire que ce sera toujours assez tôt pour en parler. Non, il est important de vivre et de parler de la tristesse que nous ressentons lors d’un décès. Et pourquoi ne pas revêtir un habit de deuil pour signifier au monde que la mort existe et qu’elle fait mal ?
Pour annoncer la venue d’un bébé, les parents sont heureux. Ils prennent un temps spécial, organisent parfois un repas de famille pour annoncer l’arrivée de leur futur bébé, du petit frère ou de la petite sœur. C’est la joie !
Eh bien, faisons de même pour l’adieu. Osons partager la mort, la tristesse. C’est aussi cela être une famille !