Je m’appelle Lucius Caecilius Metellus et j’ai rencontré Yeshoua(1).
J’étais alors en poste dans la ville de Capharnaüm, responsable d’une troupe romaine de 80 soldats.
À la différence de certains collègues, je faisais tout pour m’intégrer : je participais aux fêtes, je consultais toujours les responsables locaux, j’avais même fait un don conséquent pour leur synagogue. Mais je restais pour eux un Romain, un païen, un militaire de l’Empire, l’envahisseur haï. Même si certains Juifs me saluaient avec amitié, je n’étais pas des leurs.
Mon serviteur était gravement malade
Ce jour-là, j’étais très in¬quiet car mon serviteur était pris par de violentes fièvres depuis plusieurs jours. Il ne quittait plus le lit, et je craignais qu’il ne meure. Aucun de mes amis ne comprenait mon inquiétude. Pour eux, Servius n’était qu’un esclave, facile à remplacer. Mais moi, je savais qu’il était à mon service depuis toujours ; il m’avait suivi dans toutes mes expéditions militaires. Il était à mes côtés dans les victoires et les échecs. C’est lui qui prenait soin de moi quand j’étais vidé, épuisé, découragé. Il était devenu mon confident, mon allié, mon frère.
Il fallait que je tente l’impossible
C’est alors que quelqu’un m’apprend que Yeshoua arrive à Capharnaüm. Sa réputation de faiseur de miracles le précède. Je décide de tenter le tout pour le tout.
Je sors et je me fraie un chemin vers lui : il s’arrête. Ses disciples me dévisagent avec un mélange de mépris et d’appréhension, mais lui me regarde comme un égal. Je m’incline respectueusement, et le supplie de bien vouloir guérir Servius. J’ai à peine fini de parler qu’il me répond : « D’accord, montre-moi le chemin. »
Yeshoua m’a pris de court
Comment ? Il est prêt à entrer chez moi, dans la maison d’un païen au service d’un envahisseur ? Sa disponibilité me submerge. Mais c’est son assurance qui me percute. Je me dis alors qu’il n’a peut-être pas besoin de se déplacer. Moi, qui suis un simple centurion, je n’ai qu’à donner un ordre pour qu’il soit exécuté, même à distance. Ne peut-il pas faire pareil ? Alors, je m’incline encore plus bas et lui demande simple¬ment une parole.
Il a pris ma foi en exemple !
J’ose lever les yeux : il a l’air sous le choc. Il se retourne vers la foule et s’exclame, avec émotion : « Jamais, par¬mi mes semblables, je n’ai trouvé une telle foi ! Je vous le dis, les vrais héritiers d’Abraham ne seront pas ceux que l’on croit, mais ceux qui croient. »
Il me relève, et me dit : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi. »
Quand je suis rentré, Servius était assis sur le lit, encore faible mais rétabli. Quelle joie de retrouver mon ami ! Mais moi aussi, j’ai été rétabli. Pour Yeshoua, je ne suis pas un étranger.