Je m’appelle Bartimée. Je suis né aveugle.
J’aurais aimé travailler à l’époque pour contribuer à la vie de la maison, mais que peut bien faire un aveugle dans notre société ? Et puis, mes limitations physiques n’étaient pas le vrai problème.
J’avais arrêté de rêver
Chaque fois que je croisais quelqu’un, je ressentais son malaise. J’avais l’impression que tout le monde ne voyait que mon handicap, comme si je n’étais pas vraiment un homme. Décidément, il n’y avait pas de place pour moi dans ce monde.
Alors je m’étais mis à mendier. C’était dur, mais au moins, j’étais utile à mes parents.
Ce jour-là…
Comme d’habitude, j’étais sur le bord de la route. Une fête se préparait à Jérusalem, donc beaucoup passaient par là. Les conversations me parvenaient par bribes, quand soudain le nom de Jésus perça le brouhaha. Jésus ! Il était connu jusque dans mon village ! On disait qu’il parlait de Dieu comme personne, qu’il accueillait tout le monde, et même, même, qu’il guérissait. Certains voyaient en lui le Messie, l’héritier du roi David.
Sans vraiment réfléchir, je me suis mis à l’appeler : « Jésus, fils de David, aie compassion de moi ! » Je criais sans m’arrêter, bien fort.
Des voix ont recouvert la mienne : « Chut ! Ne va pas déranger le Maître ! » Mais j’ai crié encore plus fort comme si ma vie en dépendait.
La question que je n’attendais plus
Silence. Quelqu’un me touche l’épaule : « Lève-toi ! Il t’appelle ! »
D’un bond, je me lève. Mon manteau me gêne : je le jette loin de moi. L’homme me conduit vers Jésus. Je sens une attention inhabituelle. Jésus me demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Je ne sais que dire. Cela fait longtemps qu’on ne m’a pas demandé ce que je voulais. D’habitude, on me pousse, on me tire, on me traite comme un enfant ou un vieillard sénile. Lui, non. Je sens qu’il me voit. J’ai l’impression que tout est possible.
Ma réponse qui m’a surpris
Sans l’avoir prévu, je m’entends dire, en balbutiant comme si je me mettais à nu devant lui : « Maître, que je retrouve la vue ! »
Il me dit alors : « Va, ta confiance t’a sauvé. » Aussitôt, l’obscurité qui m’entoure depuis toujours s’éclaircit, des choses inconnues apparaissent : des couleurs ? des formes ? Tout cela me submerge… Mais au milieu, le regard de Jésus planté dans le mien, comme une main qui se tend.
Je perds un peu l’équilibre. Un bras me soutient.
Jésus me dit : « Tu viens ? » Rempli d’espoir, je me mets à le suivre. J’ai trouvé ma place.
D’après Marc 10.46-52