Le 9 avril dernier, en pleine agression du Covid-19, en France, le ministère de l’Intérieur publiait un communiqué de presse pour le moins original : « Dispositif d’écoute et de soutien spirituel ». On pouvait y lire : « Les mesures indispensables prises par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie (…) sont susceptibles de distendre, momentanément, le lien entre certains croyants et leur ministre des cultes, alors même que les effets de la crise sanitaire sur la vie de nos concitoyens nécessitent que chacun puisse être aidé, notamment spirituellement. » S'ensuivaient des informations concernant un dispositif téléphonique mis en place par ce gouvernement.
Pas trop tard pour bien faire
Il faut parfois attendre des catastrophes nationales, voire internationales, pour qu’un réflexe instinctif surgisse et rappelle le poids oublié dufacteur religieux dans la société. Un journaliste fait cette analyse : « Tout le monde, en ce moment, saisit que ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas concourent, avec leurs moyens propres, au bien du pays et de sa population. »
Cette posture correspond à l’œuvre commune, tant espérée, de l’unité nationale si nécessaire, de ce qui permet de tenir bon en temps de crise, de rester vivant devant la mort. Il faut aussi un appel solennel pour faire reculer les intérêts particuliers, faire taire les égoïsmes pour enfin ne viser qu'un seul et unique objectif, prioritaire. Démarche hautement vitale. Et du coup se dessine, presque spontanément, au sein d’une société que l’on croyait sans âme, un paradoxe surprenant : le rassemblement dans le confinement qui pourtant sépare les uns des autres.
Leçons d’autrefois pour demain
Le sage de l’Ancien Testament écrivait : « Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis ! » Le coronavirus dissout les discours idéologiques devenus creux, sans vraies perspectives et désormais inaudibles. Le silence de la sidération oblige à tendre l’oreille, à espérer une parole créatrice, et à rechercher un sens perdu depuis trop longtemps. Quand le temps s’arrête, l’éternité résonne.
Que restera-t-il, chez les rescapés, de cette expérience unique et planétaire lorsque la pandémie s’épuisera et se dissoudra ? La leçon que l’on retient de l’Histoire, c’est que l’homme ne retient rien des leçons de l’Histoire ; que les « plus jamais ça » se répètent comme une rengaine infernale ; que les « jours d’après » sont souvent des recommencements. La société est faite d’hommes et de femmes qui ont tendance à fuir en avant, sur les chemins de la facilité et des plaisirs éphémères, amnésiques de leurs résolutions.
Et aujourd’hui ?
Cependant, au sein de la société, il y a un peuple différent. Inspiré par le message évangélique, c'est lui qui a le plus besoin de retenir les leçons des circonstances parce que c’est à lui qu’il est demandé d’être le levain dans la pâte, le sel de la terre, la lumière dans les ténèbres. C’est lui qui, mieux qu’un numéro vert, peut apporter l’aide spirituelle dont nos contemporains ont cruellement besoin.