L’ancien Premier ministre français, Manuel Valls, dans un entretien avec un journaliste, s’indigne de voir qu’aujourd’hui, celui qui défend les valeurs de la République est traité de « laïcard - c’est-à-dire de ringard - et d’islamophobe, voire de raciste ». Il pointe le véritable ennemi en désignant l’islamisme, une version politique de l’islam, incompatible avec la République et ses principes. Ceux-ci vont de la séparation stricte entre le spirituel et le temporel au refus de toute emprise de la religion sur la société, en passant par l’égalité entre les hommes et les femmes.
Grattons un peu
Face à certains fanatismes religieux, il n’est pas inutile de rappeler ces principes républicains qui semblent justes et acceptables.
Ces propos du député donnent l’impression d’une neutralité saine et d’une ouverture sur la tolérance dès lors que le religieux reste dans une sphère bornée, limitée et surtout privée autant que discrète. Mais il y a là une vue de l’esprit humaniste et agnostique, peut-être même athée. Ce qui semble politiquement correct n’est peut-être pas juste pour autant !
Vous avez dit privé ?
En effet, et pour ce qui est du christianisme en tout cas, il n’est pas juste de confondre la foi chrétienne avec une vulgaire opinion intellectuelle, une philosophie altruiste et bon enfant. Les valeurs évangéliques diffusées par Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, font de la foi chrétienne une dynamique qui ne peut que programmer des actions.
Au nom de l’amour
Tout le message de la Bible est tourné vers l’amour du prochain en même temps que l’amour envers Dieu. Et cet amour du prochain doit aboutir à des entreprises, des comportements, des engagements dans la vie publique à l’égard de tout le monde et de toutes les sociétés.
L’amour du prochain, le bien du peuple, le soin de la veuve et de l’orphelin, l’honnêteté dans toutes les relations, y compris commerciales, la réconciliation et le pardon, l’attention à l’égard de l’étranger, de l’opprimé, de l’exclu, le respect des autorités mais aussi des oubliés, la gestion du pouvoir… tout est consigné dans la Bible et rien de cela ne doit être relégué dans le domaine privé. Les engagements du chrétien dans la cité sont des devoirs afin que le monde sans lumière puisse recevoir le meilleur éclairage possible, celui de Dieu.
Proposer sans imposer
Certes, c’est une erreur de vouloir faire du message évangélique un programme politique pour la conversion d’un pays. Une nation ne se convertit pas, seuls des citoyens peuvent vivre la conversion. Et l’Église s’est souvent, par le passé, trompée sur les moyens d’influencer les hommes et les cultures. Cette erreur est sans doute celle d’un islam radicalisé aujourd’hui.
Quoi qu’il en soit, séparer strictement le spirituel et le temporel, c’est croire à tort que la foi ne peut changer le monde. S’il est juste de refuser l’emprise d’une religion sur la société, il est faux d’empêcher la foi des croyants d’œuvrer pour que la société soit meilleure.
Croire, c’est partager
Le chrétien authentique ne se réfugie pas dans sa chambre ou dans son église pour vivre en catimini le message du Christ. Il est obligé d’aller par le monde pour rencontrer le plus grand nombre et partager ce qui a été, pour lui, source d’un changement profond, et une découverte du sens autant pour sa vie personnelle que pour l’Histoire du monde.