Nous avons tous vu ces images spectaculaires et magnifiques de Mamoudou Gassama escaladant la façade d’un immeuble pour sauver un garçonnet de quatre ans qui menaçait de tomber, suspendu dans le vide. Les réseaux sociaux ont donné une ampleur planétaire à ce fait divers, sans parler de la frénésie médiatique qui a entouré le héros du jour.
Engouement et critiques
La vitesse avec laquelle les événements se sont succédés est assez impressionnante. Des plateaux télé à l’Élysée en passant par divers salons dorés ; de la naturalisation à un emploi chez les pompiers… tout s'est précipité en quelques jours.
Mais les internautes sont aussi capables de violences verbales sans limites.
En effet, sont montés des questionnements sur la scène du sauvetage. Pour certains, c’était une mise en scène orchestrée pour faire évoluer et adopter les lois impopulaires sur les migrants, tout en voulant changer l’image que l’on a d’eux.
Trucage ?
Je ne vais pas prendre en compte cette théorie, ni mettre dans la balance la vie d’un enfant et la reconnaissance normale ou exagérée à l’égard d'un sauveteur. Je ne vais pas donner crédit à ceux qui parlent de mascarade ni me hasarder à prodiguer des leçons au Président de la République en l’accusant de récupération politique éhontée…
Je vais plutôt plaider pour le nécessaire recul à prendre, face à ce type d’ébullition, et emprunter un chemin de réflexion qui ne se fonde pas sur le sensationnel et qui n'est pas épidermique.
Pour un traitement équitable !
Je voudrais rappeler que Mamoudou vient du Mali qu’il a fui. Or, au Mali, des soldats français ont été envoyés pour aider ce pays en guerre, et plusieurs d’entre eux l'ont déjà payé de leur vie. En faisant leur métier, certes, mais ne sont-ils pas aussi des héros dont on ne parle que trop rarement ?
Je voudrais rappeler qu'il y a quelque temps se tenait un procès qui a remis en avant l’histoire d’un jeune étudiant lyonnais, Marin, laissé pour mort en 2016 après avoir défendu un couple qui s’embrassait et qui avait été agressé par un jeune alcoolisé. Si l'agresseur a été condamné à sept ans et demi de prison, Marin est aujourd’hui handicapé à vie. Son héroïsme n’a pas eu les mêmes honneurs.
Entre exploit et exploitation
Il y a des faits divers et des actualités qui n’ont pas la même publicité. Sans doute parce que tout ne s’exploite pas de la même façon. Les récupérations politiques et médiatiques au profit d’idéologies que l’on veut imposer ne sont rien d’autres que des manipulations dangereuses. Il faut oser signaler qu’elles font de nous des marionnettes sans même que nous nous en rendions compte.
Soyons adultes
Décidons de prendre du recul face à ce qui, trop brusquement, envahit notre espace de façon si bruyante que l'on ne s'entend plus réfléchir. Faisons appel à la pondération, à la sobriété, au discernement et au bon sens. Pareille sagesse – qui n’est ni froideur ni indifférence – nous permettra de ne pas nous laisser emporter, ballotés par des courants téléguidés, par des manipulations calculées, par des intentions malsaines.
Il nous faut prendre conscience que l’information, c'est parfois, et de plus en plus souvent, de la désinformation. La propagande existe toujours et le propre du battage médiatique est de nous battre !
Face aux perversions du système, il ne s’agit pas nécessairement de se rebeller, mais au moins de résister.