Les sportifs sont perçus comme des symboles de performance et de santé. Réalité ou illusion ?
Dans son autobiographie This is me, Ian Thorpe, triple champion olympique à Sydney en 2000, a révélé souffrir de dépression, un mal tabou dans le monde du sport de haut niveau.
On découvre ainsi que les athlètes ne sont pas plus que d’autres protégés contre le mal de vivre et les problèmes physiques. Comme n’importe quel individu, ils sont susceptibles d’être dépressifs.
Facteurs de risque
Les exigences du sport de haut niveau augmentent les risques car ils peuvent engendrer leurs propres troubles. Les objectifs de carrière peuvent être irréalistes, les motivations trop fragiles… Le fait que la carrière des sportifs commence de plus en plus tôt ne fait qu’aggraver les choses. On peut ajouter que les sportifs de haut niveau sont confrontés à un milieu très concurrentiel qui ne fait pas de cadeau. De plus, les rémunérations élevées peuvent faire vaciller des personnes vulnérables ou mal entourées.
Cependant, la période la plus critique d’un sportif semble être la fin de carrière, surtout quand elle est subie. Le milieu sportif, comme tant d’autres, a parfois tendance à laisser de côté ceux qui sont considérés comme faibles ; il n’est pas toujours enclin à reconnaître les failles de ses élites.
Problèmes physiques
Le corps des sportifs a également ses limites. Il est souvent usé et vieilli prématurément. Les sportifs paient souvent au prix fort les années d’entraînement intensif, de combats, les traumatismes et les blessures. Le corps n’est pas fait pour répéter à l’infini les mêmes gestes extrêmes... Articulations, tendons, muscles sont altérés. Des micro-déchirures du myocarde peuvent alors survenir. Si elles se reproduisent, elles sont susceptibles d’aboutir à une fibrose myocardique. La fibrillation auriculaire est trois fois supérieure à la moyenne chez les anciens marathoniens. C’est la face cachée du sport. Tout cela a des conséquences directes sur le vieillissement. Les années s’accumulant, des « accidents » surgissent comme autant d’avertissements.
Victimes de nos attentes
Nous n’avons pas parlé jusqu’ici du problème du dopage, un piège redoutable bien plus répandu qu’on ne le pense généralement puisqu’il touche des disciplines pas toujours bien contrôlées. Même le sport amateur en est victime.
En parlant du Tour de France, un ancien coureur cycliste disait, un peu désabusé, que le public a besoin de héros et de leurs performances. Quelque part, peu lui importe si le coureur s’est dopé ou pas.
On ne s’étonnera pas que des sportifs aillent au-delà de leurs limites, s’abîment la santé et mettent en danger leur équilibre intérieur.
À qui la faute ?