En direct du monde, des téléphones vibrent, des tweets fusent, des radios bourdonnent. C’est un bruit de fond permanent. Une rumeur continuelle, faite de paroles immédiates, de commentaires à chaud, d’opinions tranchées, d’analyses réduites à quelques mots.
60 millions de sociologues en France
On bavardait aussi jadis, dans les chaumières aux veillées, sur les places de marché ou en lavant le linge au lavoir du village. Pourquoi avons-nous aujourd’hui l’impression d’être davantage envahis par le bavardage ?
Peut-être parce que nous ne sommes plus dans des situations de conversations privées, de discussions en tête-à-tête.
C’est particulièrement le cas pour les abonnés du réseau Twitter, cet outil qui permet d’envoyer en une fraction de seconde un bref message, comme un abrégé de son existence, à ses correspondants. Chacun peut désormais se poser sur le fil électrique pour gazouiller (twitter, en anglais). Que l’on soit une célébrité ou un illustre inconnu, un sportif renommé ou un homme politique, chacun peut commenter le fil de l’actualité ou le quotidien de sa vie. La France compte maintenant 60 millions de sociologues, de politologues, de philosophes et de théologiens… en herbe. C’est un gigantesque Café du Commerce virtuel où les opinions se font et se défont, et tout cela en 140 caractères, fautes de frappe en bonus.
Le lien social
Certes, bavarder pour ne rien dire n’a pas que de mauvais côtés. Il est important de savoir dire des futilités. Ce ne sont pas des messages sans importance. Ils mettent de l’huile dans les rouages de la société. Ils permettent de prendre contact avec le prochain. Après tout, quand on dit « Bonjour, comment ça va ? » ou bien « Il fait beau aujourd’hui », ce sont également des propos insignifiants mais qui sont rudement importants pour maintenir des rapports à peu près civilisés !
On pourrait dire également que les réseaux sociaux nous aident à connaître les autres autrement, par les petites choses de la vie, qu’on n’avait pas l’habitude de partager. Ces mots modestes jetés à la volée contribuent donc aux relations sociales.
Se taire pour mieux écouter
Tout cela est très bien mais… Cette société de bavardage peut être dure à vivre, particulièrement pour les grands timides, et les grands silencieux.
Le bavardage peut couper également toute communication, spécialement lorsque le beau-parleur volubile est perçu comme un manipulateur dont il faut se méfier.
Le bavardage peut être enfin une maladie qui nous rend incapables d’attention à l’autre et de concentration. On commence par ne plus écouter les profs à l’école, pour ensuite éviter les vrais débats, voire toute discussion.
Alors, existe-t-il un moyen de s’en sortir ? Le seul qui ait fait ses preuves, c’est de réapprendre à écouter l’autre. Et donc à se taire.