La coupe du monde de football n’est pas encore terminée que démarre déjà le Tour de France. Si l’on s’en réfère à la place qu’ils occupent dans les médias, ces « événements » sont de la plus haute importance. Jour après jour, nous sommes enjoints de nous intéresser à ces manifestations sportives et même de soutenir notre équipe nationale ou de choisir notre champion. On dirait que l’actualité des jours d’avant a perdu de sa consistance.
Des arbres qui cachent la forêt
Et pourtant, les sujets importants ne manquent pas : le phénomène migratoire, la tentation au repli sur soi des pays européens, les tensions entre les États-Unis et les autres pays, le débat sur le coût de la protection sociale…
Les résultats des matchs, le comportement de l’équipe nationale, les performances sportives de nos champions préférés… tout cela prend bien plus de place que les morts en Méditerranée, le taux de chômage, les tensions entre pays ou les actes de guerre un peu partout dans le monde. Qui, dans ces conditions, a pu prêter attention à la tenue début juin d’Eurosatory, le premier salon mondial de la vente d’armes ? Et pourtant, il n’est pas sans conséquences sur le monde dans lequel nous vivons.
Normal ou pas normal ?
Chaque média choisit la priorité qu’il accorde aux sujets. Ensuite, il les présente et les commente selon ses propres orientations. Du coup, ce n’est pas seulement de l’information qu’il diffuse mais aussi sa vision de l’actualité et du monde. Celle-ci est inévitablement partielle, voire partiale. C’est bien ce qui se passe quand les médias s’emparent des événements sportifs les plus marquants. En réalité, ils tiennent compte du fait que les gens se sentent plus concernés par leurs champions sportifs que par le taux de pauvreté dans notre pays ou par le nombre de morts dans les combats en République Démocratique du Congo…
Critiquer ou être conséquent ?
Notre défi ? Être des utilisateurs attentifs des médias. Il s’agit de nous informer en prenant du recul et en analysant ce que nous entendons, voyons ou lisons. Les médias ont une utilité irremplaçable car ils augmentent notre information et peuvent nous aider à forger notre propre opinion, mais il nous revient de diversifier nos sources d’informations, de comparer entre elles les façons de rapporter et d’analyser l’actualité. À nous aussi de cultiver une échelle de valeurs qui donne à chaque événement sa juste place. Inutile de critiquer les médias si nous ne faisons pas cet effort car ce serait en réalité notre paresse que nous dénoncerions alors !
Résister à la facilité
Face à certains problèmes compliqués de notre monde, la tentation pourrait être de nous en désintéresser et de nous réfugier dans le divertissement et le spectacle. Je suis moi-même un amateur de sport, mais je ne souhaite pas laisser aux actualités sportives le loisir de me distraire des sujets qui m’interpellent en tant qu’être humain.
La pauvreté et l’injustice, au près et au loin, sont des réalités dont je veux me préoccuper quelles que soient celles que m’imposent aujourd’hui les médias.