Fatigué de nourrir un parcmètre aussi vorace qu’insatiable, je me résous à prendre un abonnement bus pour mes trajets quotidiens. C’est ainsi qu’un tout nouveau monde s’ouvre à moi. Celui des chauffeurs de transports urbains.
J’étais loin d’imaginer tant de diversité. Des chauffeurs de bus, il y en a de toutes sortes : des grands, des petits, des femmes, des hommes, des grincheux, ceux qui sifflent, des excités et des imperturbables. Ceux qui mettent la radio pour l’ambiance et ceux qui téléphonent d’un bout à l’autre du trajet. Ceux qui renseignent aimablement et ceux qui font un vague signe de la main agacé et incompréhensible. Ceux qui conduisent en souplesse et ceux qui frôlent l’excès de vitesse et prennent les virages pour ainsi dire sur deux roues, pour freiner avec violence aux arrêts. Le papi dans le fond n’a qu’à bien se tenir !
L’autre jour pourtant, il y en a un qui m’a fait chaud au cœur. Le bus était en retard. Pas facile de calculer un parcours avec tant de variables. Enfin, il arrive. Puis s’arrête devant le passage clouté qui barre le couloir de bus. Généralement, les chauffeurs sonnent une cloche pour prévenir les piétons et passent en priorité. Là non. J’ai mis quelques secondes pour comprendre : le chauffeur faisait « coucou » à un petit garçon totalement fasciné par l’énorme véhicule qu’il n’avait sans doute jamais vu d’aussi près.
Et ensuite de s’excuser auprès de nous pour son retard.
Inutile, il avait tout compris.