Ce soir-là, j’étais invité à une fête d’anniversaire. Banal, me direz-vous, ça arrive tous les jours. À vous peut-être, pas à moi. Je ne suis pas fan des rencontres où il y a beaucoup de monde (je suis un peu sourd) et où la plupart des convives sont des inconnus (un traumatisme d’enfance, sans doute). J’avoue que j’y suis allé en traînant un peu les pieds.
L’heureux élu, mon filleul, fêtait ses vingt ans. La liste des invités était plus qu’improbable : quatre compagnons d’infortune de l’institut médico-éducatif (IME) qu’il fréquente, une voisine, sa mère, une collègue de travail de la mère, un couple d’un certain âge, dont la femme est non-voyante et, bien sûr, mon épouse et moi.
OK, je fais court. De toute façon, il fallait être là pour comprendre. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a longtemps, très longtemps que je n’ai pas passé une aussi belle soirée.
Les vedettes de la fête étaient, sans conteste, les pensionnaires de l’IME. Tous drôles, dynamiques, pétillants, sans complexes, attachants, émouvants. Du coup, ceux qui avaient été un peu moins malmenés par la vie se sont piqués au jeu, les masques de l’étiquette en usage dans la « bonne » société se sont évanouis et tout le monde s’est senti autorisé à être vraiment lui-même.
Les « petits » de ce monde me filent toujours une claque, une bonne claque, chaque fois que je prends le « risque » de leur ouvrir ma porte.