Le soleil se lève. Encore un jour de douleur à traverser. Si seulement je pouvais dormir un peu ! Mais j’ai erré toute la nuit dans les tombeaux, me traînant malgré moi dans ces endroits maudits.
Je ne suis plus maître de moi-même
L’esprit démoniaque qui m’habite me tient esclave. Il contrôle mes paroles, mes mouvements. Je me suis blessé sur des rochers où il m’a jeté. Mon âme recroquevillée ne peut qu’observer ce monstre ravager ma vie.
Je ne saurais dire depuis quand je hante ce cimetière : j’ai dû quitter ma ville, car la violence de mes crises a failli tuer mes proches. Ils ont tout essayé, sans succès. Même les chaînes les plus épaisses, je les brise ! Tout ce qui m’approche, je le détruis, et mes habits déchirés ne couvrent plus grand-chose… Je ne suis plus qu’une ombre d’homme.
Qui sont ces gens ?
Je vois une bonne dizaine d’hommes qui débarquent. Ils s’approchent de cet endroit maudit.
Ah ! Je tombe à genoux, et une voix rauque sort de moi :
- Pourquoi te mêles-tu de mes affaires, Jésus, Fils du Dieu très-haut ?
- Sors de cet homme, esprit impur ! répond-il.
Si seulement ! Je me sens troublé, l’esprit s’agite en moi, il est sur ses gardes, inquiet de perdre son emprise sur moi. Mais je sens aussi autre chose : l’espoir. Ce Jésus pourrait-il faire quelque chose pour moi ? Pourrait-il me… délivrer ?
Ce Jésus ne se laisse pas démonter devant mon apparence.
- Quel est ton nom ? demande-t-il à l’esprit.
- Légion, car nous sommes nombreux.
Je tremble, je me tords, l’esprit bouillonne en moi, je ne me suis jamais senti ainsi, même au plus fort des crises.
- Ne nous détruis pas ! Tu vois ces cochons impurs ? Envoie-nous en eux, si vraiment tu veux libérer cet homme.
Jésus fait un signe de tête.
Tout à coup, un poids disparaît
Je bouge un bras, puis l’autre, et j’essaie de me lever : il me tend la main et me soutient pour me mettre debout. Les disciples de Jésus me donnent de l’eau, du pain, des manteaux. Je commence à comprendre que c’est vrai : la paix m’envahit. Je vis ! Je suis libre ! Jésus discute avec moi, je suis bouleversé d’être avec d’autres personnes, moi qui étais si seul.
Les gens de la ville arrivent, déconcertés par la rumeur. Je les vois s’approcher et me lève pour leur montrer que tout va bien maintenant. Pourtant, ils s’écartent de moi. Avec plus de frayeur que jamais, ils supplient Jésus : « Tu ne peux pas rester ici ! Va-t’en ! » Pourquoi réagissent-ils ainsi ? On dirait que la puissance de Jésus les terrifie alors qu’elle est si bienfaisante !
Me voici témoin
Jésus retourne vers son bateau. Je marche à sa suite. C’est une évidence : il m’a rendu à la vie ! Je veux lui exprimer ma gratitude pour toujours… Il se retourne, et avec un sourire, il me renvoie chez moi en me confiant à Dieu. Rassuré, je me sens serein et joyeux. Je repars vers la ville, ébloui par la bonté et la puissance de mon sauveur, prêt à témoigner de la compassion de Dieu envers moi. Combien de temps faudra-t-il pour qu’ils comprennent ce que Jésus a fait pour moi ?