La question ne vient pas d’un dénigreur des médias, mais d’un journaliste, Franz-Olivier Giesbert*. Il commente ainsi : « Observez comme la plupart d’entre eux s’échinent, sans grand succès il est vrai, à travestir la réalité parce qu’ils croient que le bon peuple, toujours nigaud, prendra des vessies pour des lanternes. »
Il s’offusque que la presse, en général, ait traité différemment un même événement – des immeubles qui s’effondrent à Marseille et à Lille –, en accusant le maire de Marseille dans un cas, mais en exonérant la maire de Lille dans l’autre cas. Ainsi donc, on apparaît fautif ou pas en fonction de son orientation politique.
Informations non vérifiées et voyeurisme
Quand une personne est accusée, à tort ou à raison, elle ne bénéficie pas de la présomption d’innocence, mais au contraire d’une présomption de culpabilité. La presse accuse, se cachant souvent derrière le témoignage de X ou Y, témoignage souvent non vérifié, venant quelquefois d’une personne animée d’un esprit de vengeance. Si la personne accusée est blanchie par la justice, elle aura droit dans le meilleur des cas à un petit entrefilet.
Manque de recul
Il arrive aussi qu’on invoque la soi-disant dangerosité psychiatrique. Si une personne schizophrène tue quelqu’un, cela est relaté comme si les personnes souffrant de problèmes psychiatriques étaient dangereuses pour la société, alors que c’est tout le contraire ; elles en sont le plus souvent victimes. Il faut savoir qu’on a statistiquement plus de risques d’être assassiné par une personne dite « normale » que par une personne schizophrène vu leur nombre relatif.
Du buzz à bon marché
Une phrase ou un événement sorti de son contexte peut modifier l’intention de celui qui s’exprime. On se souvient du « Kärcher » du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Le contexte était, en fait, une veillée funèbre concernant un enfant de onze ans, mort de deux balles, lors d’une rixe entre bandes rivales à La Courneuve. Écoutons Catherine Nay : « Toute la famille est réunie, père, mère, cousins, frères et sœurs. L’un d’eux lui lance : « Monsieur le ministre, il faut nettoyer la cité au Kärcher. » Ému par la souffrance palpable de ceux qui l’entourent, il leur répond : « Vous avez raison, il faut nettoyer la cité au Kärcher. » (Un pouvoir nommé désir). Une journaliste s’était faufilée dans la pièce. Le lendemain, cette phrase sera publiée partout. Par contre, aucun mot de compassion pour la famille, ni aucune solution pour la violence des banlieues. Juste une phrase sortie de son contexte…
Prudence !
Confiance ou pas, une chose est sûre : il faut diversifier ses sources d’information et ne pas prendre « des vessies pour des lanternes ». Une presse libre est indispensable dans une démocratie. À nous d’être vigilants.