À vot’bon cœur…

Complet Fait de société

En Belgique, comme partout ailleurs, on nous demande souvent de donner. Pour qui, pour quoi ?

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À vot’bon cœur…

Janvier, le mois des « dringuelles »(1) comme on dit en Wallonie : pour le facteur, pour les éboueurs, pour les petits-neveux, pour l’école du voisin, etc. Ajoutez à cela le mendiant habituel du feu rouge. Si on donne encore aux premiers, le dernier est souvent ignoré. Allons donc ! Avec ses habits sales et sa tête à ne pas venir de chez nous, on ne sait pas ce qu’il ferait de ces trois pièces jaunes qui traînent au fond de notre poche. Pas moyen de savoir si cet argent n’ira pas dans les mains d’un exploitant de réseaux de traite humaine ou si ce mendiant crasseux ne va pas tout simplement aller boire nos trois centimes... Alors vous comprenez, on ne donne rien !

Concurrence déloyale

Particularité belge dans le domaine de la « dringuelle », en novembre, ce sont les étudiants universitaires qui font la manche aux feux rouges. Jeunes gens aux grands sourires, quoique aux yeux un peu vitreux suite à des nuits courtes et bien arrosées. Ils sont vêtus d’un tablier qui fut blanc à l’origine mais aujourd’hui maculé d’inscriptions plus ou moins grivoises. Ils tendent aux automobilistes une chope vide qui se remplit assez vite de pièces de toutes tailles. Souvent, les conducteurs ajoutent un petit mot amical en souvenir de leur propre jeunesse. Et ici, quel succès : plus d’une voiture sur deux voit sa vitre s’ouvrir et une main se tendre.

Que voulez-vous ? Même s’ils sont sales et puent parfois l’alcool ou pire, eux, ils sont de chez nous. Au moins, quand on leur donne une pièce, on sait ce qu’ils vont en faire : aller boire ou faire boire jusqu’à plus soif en l’honneur de leur Saint Patron, jusqu’à ce que les plus obstinés terminent dans le caniveau ou aux urgences de nos hôpitaux ! Ça s’appelle le folklore universitaire. Ces étudiants, c’est l’élite de demain ! Alors on donne !

Faut pas exagérer !

Il y a quand même quelque chose qui m’échappe et me laisse perplexe dans cette logique de l’automobiliste belge. Et me souvenant de celui qui m’appelle à donner un verre d’eau à qui a soif, j’ai décidé de mettre la bleusaille (2) au régime « alcoolique anonyme » et d’avoir toujours au fond de ma poche une pièce pour le mendiant du feu rouge : au moins lui, il y a une chance qu’il en ait réellement besoin ! Allez, bonne année.

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1.
Étrennes
2.
Surnom donné aux étudiants de première année universitaire.

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