Quand les premiers ordinateurs sont arrivés, les secrétaires se sont demandé quel était l’intérêt de taper un texte sur un écran pour devoir l’imprimer ensuite sur une imprimante. Leur machine à écrire n’était-elle pas plus rapide puisqu’elle imprimait le texte directement ?
Les temps ont changé
Les Technologies de l'Information et de la Communication (les TIC) ont transformé le monde de l’entreprise. Finie l’époque des lourds cartables pleins de documents que le cadre devait prendre pour partir en voyage. L’ordinateur portable, les disquettes, puis les clés USB, les ont remplacés. Grâce au « cloud », on peut même avoir gratuitement tous les documents de son ordinateur sur son téléphone portable et on peut recevoir ses mails sur sa montre connectée. Les TIC ont permis rapidité, légèreté et stockage illimité.
Le mail a été une des plus grandes révolutions de la fin du 20e siècle. Désormais, on peut écrire au bout du monde, sans frais, et recevoir la réponse en quelques instants. Les entreprises n’ont plus eu peur des grèves de la Poste…
Quelques effets inattendus
Par contre, les cadres, privés de leur secrétaire, ont paniqué lorsqu’ils ont pris conscience qu’on allait voir leurs fautes d’orthographe. Les stages « Maîtriser la langue française » se sont multipliés.
Les mails devaient aussi permettre de gagner du temps. Hélas, le temps consacré aux mails s’est ajouté à celui des réunions et autres activités. Pire, les cadres ont pris l’habitude de traiter leurs mails chez eux.
La tyrannie de l’urgence
Mais cela ne suffit toujours pas. On a inventé de nouveaux outils qui obligent la personne à répondre immédiatement à ses messages. Sinon, la décision se prendra sans elle.
Cette course à la rapidité et à la réactivité a ses limites. En effet, une personne interrompue dans son « vrai travail » met plus de temps à le réaliser. L’Internet est un progrès quand il s’agit d’échanger des informations, à condition de garder la mesure et de ne pas se noyer sous une avalanche d’informations inutiles. Pour prendre des décisions importantes et éviter de mauvais choix, il vaudra mieux revenir aux méthodes classiques, par exemple la réunion, où chacun s’exprime en approfondissant sa pensée.
La vraie urgence
Un outil n’est ni bon ni mauvais ; tout dépend de l’usage que l’on en fait. Les TIC ont révolutionné le monde de l’entreprise, et souvent positivement. Mais le stress généré par la tyrannie du « tout, tout de suite », l’addiction aux smartphones, le manque de relations entre les salariés qui ne communiquent plus entre eux… tout cela oblige à repenser en permanence l’utilisation de ces outils.
Il faut entendre Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook, lorsqu’il dit que ces nouveaux moyens de communiquer déchirent le tissu social. L’urgence aujourd’hui, dans les entreprises, c’est de développer le bon sens, les bonnes pratiques et de remettre à l’honneur les relations humaines tout en restant à la pointe de la technologie. Redécouvrir le plaisir de bavarder près de la machine à café, par exemple.