L’histoire des caricatures de Mahomet en a surpris plus d’un. Le lecteur de la Bible sait que Dieu a le sens de l’humour (il suffit d’y lire le livre de Jonas ou certaines histoires d’une ironie décapante), certes, mais jusqu’où?
Le droit à la liberté d’expression donne-t-il le droit de heurter des croyances religieuses, voire d’humilier ceux pour qui de telles croyances sont essentielles? «Certaines formes de critiques extrêmes ou de dérision à l’égard des autres dénotent un manque de sensibilité humaine et, dans certains cas, peuvent constituer une provocation inacceptable» (1). La liberté d’expression qui ne peut justifier aucun propos raciste ou révisionniste (et c’est tant mieux) pouvait-elle ici servir à blesser inutilement les musulmans? N’y avait-il pas moyen d’ouvrir un débat, de parler de la même chose mais en utilisant des moyens moins choquants pour ceux à qui, in fine, le message s’adressait?
Non, on ne peut pas rire de tout. L’humour est une arme de précision capable de grands dégâts. S’il remet à sa place tout ce qui se prendrait trop au sérieux, il connaît aussi ses frontières à ne pas franchir. L’humour, comme tous les outils humains, peut manifester la désobéissance et la rébellion vis-à-vis de Dieu. Le chrétien que je suis est choqué quand on rit du drame de notre révolte contre Dieu, du mal et de la souffrance dans le monde. Comment pourrions-nous rire de la passion du Christ, notre Sauveur, qui a souffert pour le péché du monde? Ce sont des réalités trop graves pour qu’elles soient objet d’humour et de rire.
Concluons cette réflexion par cette béatitude humoristique: «Bienheureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes: ils n’ont pas fini de s’amuser… mais malheur à ceux qui rient au détriment des autres, ils seront à leur tour objet de moqueries».