Ce sont des anti-prix Nobel amusants. Ils font sourire mais ils peuvent aussi susciter la réflexion. Depuis 1991, ils récompensent chaque année des travaux scientifiques en réalité tout à fait sérieux.
Quelques exemples de prix décernés
En 2023, un chercheur a ainsi reçu un prix pour avoir expliqué pourquoi les géologues et les paléontologues ont l’habitude de lécher les pierres. Un autre a été remis à une équipe d’ingénieurs qui a utilisé des araignées mortes en guise de pinces robotiques. D’autres prix ont été attribués pour des études sur l’impact de la sexualité des anchois sur les océans, pour des scientifiques qui ont dénombré le nombre de poils dans les narines de cadavres humains (et il y en a en moyenne un peu plus dans la narine gauche !). De leur côté, des scientifiques japonais ont été primés pour avoir découvert qu’électriser des baguettes donnait un goût plus salé aux aliments…
Le pouvoir d’attraction des foules 
Un autre prix a été décerné à une étude déjà ancienne qui étudiait le pouvoir d’attraction de groupes de différentes tailles. L’expérience a été menée sur un trottoir très passant à New York. À un signal donné, une ou quinze personnes levaient les yeux en même temps vers les hauteurs d’un bâtiment pendant une minute. On a alors observé combien de passants faisaient de même dans chaque cas. Si une seule personne levait les yeux, il n’y avait que 4 % des passants qui s’arrêtaient et regardaient dans la même direction. S’il y en avait quinze, ils étaient 40 % à le faire. À noter que 42 % des passants levaient les yeux sans pour autant s’arrêter lorsqu’une seule personne levait les yeux. Ils étaient 86 % à lever les yeux quand ils étaient quinze.
Ce que j’en retire
Mon application n’a peut-être pas toute la rigueur scientifique qui puisse me permettre d’espérer un prix Ig Nobel mais je trouve intéressant qu’une quinzaine de personnes suffise à faire lever les yeux à près de neuf passants sur dix, et que même quatre passants sur dix vont jusqu’à s’arrêter et faire comme eux. Quinze personnes, ce n’est pas un groupe si nombreux… Il y a une vraie force, un vrai pouvoir d’attraction, dans un groupe, même réduit, qui regarde dans la même direction.
Partager un même horizon
Se mettre d’accord pour regarder dans la même direction, être animé par un projet commun suscitent l’intérêt. Toute la question est de savoir si la direction que l’on propose est porteuse de sens et d’espérance… Les passants de l’expérience ont sans doute repris leur chemin lorsqu’ils ont constaté qu’il n’y avait pas grand-chose à voir là où ils regardaient. Mais si l’horizon qu’on propose offre une nouvelle perspective, alors le chemin ne sera sans doute pas le même.