Chaque candidat (ou presque) aux prochaines élections françaises semble jouer sur les émotions pour amener à voter pour lui. Si on l’écoute, il est le seul capable de prendre les mesures fortes pour nous « sauver » de la peur suscitée par :
• les immigrés
• l’islam terroriste
• la violence sociale
• le manque de repères dans le « vivre ensemble »
• le chômage et la pauvreté
• le dérèglement climatique
• les délinquants sexuels
• et, bien entendu, les idées dangereuses des autres candidats, qui provoque- raient la catastrophe s’ils arrivaient au pouvoir.
Face à une situation complexe
Il n’est pas question de nier que nous vivons une époque difficile et qu’il nous faut trouver des solutions. Mais trouver de vraies solutions demande des réflexions de fond, et certainement des approches nouvelles et exigeantes. Tous les points ci-dessus font l’objet de travaux scientifiques par des historiens, des sociologues, des théologiens, des philosophes, etc. Certes, les conclusions des chercheurs ne sont pas unanimes, mais elles permettent une approche plus objective de la réalité tout en ouvrant le débat. On attend des hommes politiques qu’ils s’emparent des fruits de ces recherches pour proposer des projets d’avenir, certes divers, mais appuyés par des analyses sérieuses. Or, il est impressionnant de voir à quel point le débat politique sollicite les émotions et si peu la réflexion et l’information objective.
Éviter le simplisme
Les problèmes de notre époque posent des questions légitimes et provoquent une certaine inquiétude face à l’avenir qui se transforme facilement en peur. Or, la peur, c’est connu, provoque le repli sur soi, la fermeture à l’autre et, in fine, une crise du vivre ensemble. Des tensions s’installent entre ceux qui ont un travail et ceux qui ont besoin des aides sociales qu’on taxe de paresseux, on oppose les actifs et les retraités dont le coût augmente avec le vieillissement de la population...
Faut-il jeter la pierre aux politiques ?
Nous attendons de nos dirigeants qu’ils prennent les problèmes à bras-le-corps, qu’ils nous aident à nous situer positivement dans un monde qui change à une vitesse croissante et à lutter contre la peur pour (re)construire la fraternité pré- sente dans la devise nationale française. On peut comprendre que beaucoup se sentent dépassés et tâtonnent. Par ailleurs, ils sont pris dans la logique des médias qui privilégient le sensationnel et le moment présent. Privilégier une réflexion de fond passe rapidement pour ennuyeux, insipide... Cela donne peu de chances au candidat d’augmenter le nombre des électeurs.
Et nous dans tout ça ?
La démocratie suppose que nous nous préoccupions de la vie politique et pas seulement au moment des élections. Nous sommes appelés à être des acteurs politiques à notre niveau et non pas des clients des hommes politiques. Nous sommes invités à nous informer sur les problèmes et à nous faire notre opinion, dans le dialogue les uns avec les autres.
Plus important encore : au travers de divers moyens comme les associations, allons à la rencontre de musulmans, de chômeurs, d’immigrés, de politiciens, etc. Tout cela nous donnera une perception plus juste de la réalité sociale et nous rendra moins sujets à la peur. Bref, soyons des citoyens impliqués et exigeants, ce qui obligera nos hommes politiques à élever le débat.