Chrétiens, mais pauvres
Qu’en est-il du christianisme? D’abord oui, il y a eu, dans son histoire des moments où l’Église et le haut clergé (pas les petits prêtres de paroisse) se sont scandaleusement enrichis, souvent au sein d’une population vivant dans une grande pauvreté. Il y a même eu la vente de biens spirituels pour de l’argent: on croyait acheter la faveur de Dieu contre des espèces sonnantes et trébuchantes. C’est d’ailleurs un tel trafic qui a déclenché la Réforme protestante au XVIème siècle.
Mais il est très facile de démontrer qu’il s’agit là de dérives par rapport à l’Évangile.
Argument n°1: Jésus a vécu pauvrement. Il ne s’est pas installé en grande pompe dans un palais ou un monastère, mais a connu l’insécurité et la pauvreté d’une vie sans cesse en déplacement. Dans son enseignement, il a bien demandé à certains de donner leur richesse mais ce n’était pas pour lui. C’était pour les pauvres, nombreux à cette époque.
Argument n°2: les premières générations de disciples ne vivaient pas dans l’opulence, loin de là. Adeptes d’une religion souvent mal perçue et parfois franchement persécutée, le fait d’être devenus chrétiens les a plutôt marginalisés socialement.
De plus, leur découverte de la foi chrétienne les a souvent amenés à donner de leurs biens ou à libérer leurs esclaves à leurs frais.
Ce n’est qu’en 313, avec la conversion de l’empereur Constantin que les choses ont commencé à changer: la foi chrétienne a été reconnue par le pouvoir politique, avant d’être soutenue puis déclarée obligatoire par ce même pouvoir. Cette alliance du pouvoir temporel avec le spirituel a éloigné l’Église de l’Évangile. Cela n’a pas empêché, au cours de l’histoire, certains «héros de la foi», plus ou moins bien vus par les autorités de l’Église, de revenir à l’Évangile de Jésus. Pensons à Saint François d’Assise.
Le piège
Les auteurs du Nouveau Testament étaient très conscients des tentations et, plus globalement des injustices liées à l’argent. Jésus lui-même a eu une attitude radicale sur ce point, allant jusqu’à personnaliser l’argent en le nommant «Mammon» (1) et en montrant qu’il fallait choisir entre lui, ce mauvais maître qui rend esclave, et Dieu.
À plusieurs reprises, les apôtres ont ensuite dénoncé la tentation de la malhonnêteté et la convoitise, y compris chez les responsables d’Église (2).
Quel dommage que l’Église ne les ait pas toujours écoutés!