Beaucoup d’adolescents qui rêvent d’un avenir de rock star s’imaginent qu’une des gratifications du métier sera des filles à leurs pieds et une vie de plaisir, libérée des contraintes. Sur le premier point, ils n’ont pas tort, et l’itinéraire du country-rocker Johnny Cash, minutieusement retracé dans ce beau film (1), le confirme. Issu d’une famille pauvre de l’Arkansas portée à bout de bras par une mère pieuse, Cash découvre, avec le succès et l’argent, la vie dissolue d’une star adulée. Bien que marié, il délaisse bien vite Vivian, son épouse, et ses enfants, préférant un mode de vie en solo, centré sur ses ambitions et ses désirs. Campé dans son rôle de macho, Cash ne se rend pas compte qu’en dépit de sa popularité, il se coupe des autres. Mais voilà qu’au hasard d’une rencontre, il tombe follement amoureux d’une chanteuse de country, June Carter.
Pour elle, sera-t-il prêt à s’ouvrir, à passer d’un mode de vie en solo, centré sur lui, à un chemin en duo, respectueux de sa partenaire? La transition est loin d’être facile car entre temps, les épreuves d’un divorce et d’une addiction à la drogue compliquent la donne. Habitué à des succès faciles, Cash se heurte, avec June, à une femme de caractère. Il se rend compte que ses méthodes de macho ne marchent pas et comprend qu’en June, il a trouvé une égale qu’il ne dominera pas. Abandonnera-t-il la partie? Cash choisira finalement le chemin de la rédemption, fortifié par l’amour naissant que June commence à éprouver pour lui.
Sur ce sentier du rachat, le film ne nous cache rien: la difficulté du sevrage de la drogue, les rechutes, les colères. Une brève scène complète le tableau et nous donne une clef: on voit June conduire Cash... à l’église. Depuis quand le rocker ne s’y était-il pas rendu? Semblable au fils prodigue de la parabole évangélique, on comprend ici l’essentiel: après s’être détourné de Dieu, Johnny Cash, aidé par June, réalise que pour construire une relation vraie, d’égal à égal, il n’y a rien de mieux que le message évangélique pour déjouer les pièges de l’idolâtrie de soi. À l’inverse de certains clichés qui présentent le christianisme comme un frein, on voit ici que c’est au travers de l’Évangile retrouvé (celui-là même que voulait servir Jack, le frère de Johnny Cash, tragiquement décédé) que s’épanouit la relation homme-femme.