Le film original et fort de Robert Duvall, Le prédicateur(1), a le mérite de nous faire réfléchir au travers du parcours peu banal d’un prédicateur pentecôtiste haut en couleur, Euliss Sonny Dewey.
Conducteur d’une Église dans le Sud des États-Unis, il est animé de la passion d’évangéliser, jusqu’au jour où... il dérape gravement, cède à une pulsion violente nourrie par la jalousie, et doit fuir, recherché par la police. Est-ce la fin de sa vocation d’évangéliste? On aurait pu l’imaginer. Mais la réalité est autre, car Sonny, malgré le mal qu’il a pu faire, malgré son refus de se livrer à la police et de reconnaître publiquement ses torts, reste habité par son désir d’annoncer l’Évangile. Bien vite, il va se trouver en situation de l’illustrer.
Contre toute attente
Lui, l’homme en cavale, se fixe dans un village afro-américain du Sud profond, dont l’église tombe en ruine et dont le pasteur, vieux et malade, est démobilisé. L’aventure, alors, recommence... Grâce à son charisme, son bagout, et son souci des âmes, le voilà qui va petit à petit rebâtir une chapelle et une communauté qui tombaient, l’une et l’autre, en ruine. Mais cela ne fait pas de lui un chrétien parfait pour autant.
Et son passé finit par le rattraper. Sonny va finalement devoir accepter de payer pour ses fautes, et il s’en va l’âme en paix, laissant derrière lui une communauté vivifiée par son ministère.
Avec finesse, Robert Duvall nous brosse ici un portait nuancé plus vrai que nature, qui nous rappelle que Dieu, dans la Bible, n’a pas appelé des gens parfaits, mais des pécheurs, invités à choisir entre leur «vieille nature» (toujours prête à déraper) et une vie nouvelle à bâtir grâce au pardon divin donné en Jésus (un nom beaucoup scandé dans le film!).
Il illustre cette parole des évangiles, qui rapportent un propos attribué au Christ: «Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs»(2).