Dans certaines traductions de la Bible, le livre de référence des chrétiens, on a remplacé le mot de « conversion » par l'expression « changer radicalement ». Pourquoi pas ? Cependant, reste la question essentielle : changer, oui, mais vers quoi ? Le changement en soi, même radical, n'est pas forcément positif. Tout dépend de l'objectif du changement ! Telle est une des leçons majeures proposées dans le troisième opus des Chroniques de Narnia, adapté avec maestria pour la 20th Century Fox par Michael Apted à partir des romans de C.S. Lewis. Au début de notre histoire, les enfants Penvesie se retrouvent séparés. La caméra se concentre sur Edmund et Lucy qui résident chez leur oncle et leur tante. Leur cousin Eustache, enfant gâté et acariâtre, leur mène la vie dure. Mais voilà qu'une étrange peinture représentant un paysage marin va soudainement bouleverser la routine et faire basculer nos jeunes héros dans un autre monde, « le monde de Narnia ».
Affronter ses ennemis
Voici Edmund, Lucy et Eustache transportés sans transition sur le fier navire « Le Passeur d'Aurore ». C'est là qu'ils retrouvent le roi Caspian pour une périlleuse mission dont dépend le sort même du Royaume de Narnia. Le film déroule alors un scénario typique des voyages initiatiques. Chaque étape y est une occasion d'apprendre sur soi-même. Nos héros sont à la recherche de sept seigneurs disparus. Durant leur périple maritime vers les îles mystérieuses de l'Est, ils ne manquent pas de rencontrer des créatures magiques et d'étranges merveilles. Mais ils devront surtout affronter leurs peurs les plus profondes. En faisant face à d'invisibles ennemis, ils se rendent peu à peu compte qu'il leur faut résister à de terribles tentations. Pour Lucy, c’est le désir ardent et jaloux d'égaler ou de surpasser la beauté de sa grande sœur.
Refléter Dieu
Un brouillard maléfique, symbole de la tentation du Mal, invite nos héros au changement. Pourquoi ne pas céder au désir d'être le plus grand ? Le plus fort ? La plus belle ? Quitte à écraser les autres ?
Ce changement-là, proposé par le mauvais brouillard, finit pourtant par se dissiper devant l'appel d'Aslan. Au fil d'un cheminement tumultueux, nos héros découvrent que le vrai changement n'est pas dans ce qui brille, ce qui flatte, ce qui nourrit les instincts égoïstes.
Changer pour le bien, changer pour refléter ce Lion sauveur et majestueux qu'est Aslan, c'est au contraire tourner le dos aux changements trompeurs et décevants qui nous tirent vers le bas. À l'image du désagréable Eustache, transformé pendant un temps en dragon pour mieux renaître dans un nouvel Eustache repentant, débarrassé de son orgueil destructeur !
C'est alors que la destination dont nous rêvons tous confusément, symbolisée ici par le pays d'Aslan, nous est promise, et notre frustration « se changera en joie ».**