Personne ne me croit quand je dis que mes parents disaient de moi que j’étais « soupe au lait » quand j’étais enfant. Un rien suffisait à me mettre en colère, une vive émotion qui retombait aussitôt à plat.
Aujourd’hui je contrôle mieux mes pulsions. On me croit généralement calme, mais, n’en doutons pas, le petit enfant qui sommeille en moi est toujours là.
Ce n’est pas sans raison que l’on dit : « Chassez le naturel et il revient au galop ».
En grandissant, nous apprenons à nous comporter en société, donc à gérer nos émotions pour ne pas gêner ceux qui nous entourent.
Faisons toutefois bien attention : la politesse et les bonnes manières ne peuvent être qu’un vernis qui cache bien des misères. La vie est en réalité un combat jamais terminé et nos vrais adversaires ne sont pas en face de nous. C’est nous-même.
Être ou devenir non violent est en réalité une guerre à mener contre soi-même.
C’est d’autant plus évident que ceux qui ont marqué l’Histoire en pratiquant la non-violence nous ont montré qu’elle ne consistait pas à courber le dos et à tout accepter. Au contraire, il s’agissait pour eux d’être capables d’exprimer leur révolte face au mal tout en respectant l’autre. Voilà qui est beaucoup plus difficile et le prix à payer a pu être très lourd. Mais leur exemple nous montre aussi que c’est la bonne voie : ce que nous finissons par obtenir ainsi est bien meilleur et plus durable que ce que l’on croit gagner par la force.
Nul ne nait non violent. Dans ce combat contre notre nature profonde, Jésus-Christ veut prendre toute sa place. Il n’est pas une couche de vernis pour cacher la misère de nos vies. Il veut nous transformer en y pénétrant au plus profond.
Georges Mary