« Job, job, job », tel est le slogan du premier ministre belge. Il faut travailler pour être heureux ou, plus exactement, il faut produire de la richesse financière. Car il est bien question ici du travail qui rapporte des sous. Des liards, comme on dit en Belgique.
Le travail ou l’argent ?
On le voit : le travail n’est pas une valeur en soi dans ce discours. Il est subordonné à la valeur argent. Ce qui compte, ce n’est pas ce que vous êtes mais ce que vous produisez et engrangez comme argent. Je ne m’explique pas autrement le succès de certaines starlettes (Nabila, Paris Hilton et Cie).
Alors, du travail à n’importe quel prix, comme ces jobs obligatoires à 1€ de l’heure, en Allemagne quand vous êtes dans une certaine situation de chômage ? Mais que devient-on quand nous n’avons pas de travail ou que nous l’avons perdu ? Avec une telle réflexion, que sommes-nous quand le marché de l’emploi ne nous donne aucune perspective ?
Et le travail social alors ?
Le travail n’aurait-il d’importance que par la valeur financière qu’il produit ? « Non » vous diront tous les travailleurs sociaux. Et pourtant, même là, les bailleurs de fonds introduisent maintenant des « critères d’efficacité » qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à un critère de rendement et de retour sur investissement. Si cela vous intéresse, penchez-vous sur les normes du Fonds social européen.
Ma valeur serait-elle équivalente au prix que la société est prête à payer pour mon activité ou à ce que je rapporte ? Pas étonnant alors que les plus nantis aient souvent tant de difficultés à cesser leur activité professionnelle.
Nos valeurs et nous
Même si, théoriquement, nous nous insurgeons tous face à de tels discours, et que nous pensons et voulons valoriser l’être sur l’avoir, qu’en est-il réellement dans notre vie, dans nos relations ? Je suis toujours étonné de me faire surprendre par cette tendance de fond. Elle est comme un petit diablotin farceur qui viendrait me dire : « Hé, je t’ai encore bien eu ! » Finalement, la chanson de Téléphone n’est pas loin : « Argent, trop cher, trop grand, la vie n’a pas de prix. »
Le choix décisif
On ne peut servir deux maîtres, nous dit l’Évangile, sans en haïr un. On ne peut à la fois servir Dieu, l’humain et l’argent. On n’est pas réellement motivé par ce que l’on est tant que l’on court, même en partie, après ce que l’on possède. Or, c’est bien nus que nous sommes venus au monde et c’est nus que nous le quitterons. Et là, cette réflexion de l’apôtre Paul me recadre sans cesse : « As-tu quelque chose que tu n’as pas reçu ? » Finalement, la vie elle-même est grâce. Sa valeur dépend probablement de la grâce qu’elle est capable de donner et de recevoir. Dans la Bible, Job (même sans « job ») en est la preuve. Et la grâce, c’est un don gratuit. Un pléonasme volontaire, vous l’avez compris.