La parution d’un nouveau dictionnaire biblique est toujours un événement. Il s’agit en effet d’un instrument de travail irremplaçable pour tout prédicateur, comme pour toute personne qui veut approfondir quelque peu sa connaissance de l’Écriture. Ce nouveau dictionnaire que nous proposent les éditions Excelsis est en partie la traduction du New Bible Dictionary (IVP) dans sa troisième édition (1996), un grand classique du monde évangélique anglais. Mais de nombreux articles sont nouveaux, écrits par des auteurs français.
Un dictionnaire de cette sorte est à la fois un outil et un plaisir. Un outil, car sur à peu près n’importe quel sujet biblique, sur un nom de lieu, sur une notion, sur un personnage, sur un contexte archéologique ou culturel, on trouve en quelques lignes, parfois quelques pages, l’essentiel de ce qu’il y a à savoir pour poursuivre une étude. Chaque livre biblique est présenté dans une introduction qui traitera autant les questions d’auteur et de dates que le plan et les grands thèmes du livre. C’est donc un instrument dont peu de pasteurs sauraient se passer à moins d’avoir des connaissances encyclopédiques et une bibliothèque complète à portée de la main. C’est aussi un plaisir pour le promeneur. Il n’est pas rare, en effet, de faire des découvertes, au fil des pages, qui vont relancer en nous l’intérêt pour telle ou telle question ou pour l’étude d’un passage ou d’un livre.
Le projet - globalement réussi - a été de donner un ouvrage à la fois académique, évangélique et accessible. C’est certainement le plus fouillé et le plus riche des dictionnaires bibliques de sensibilité évangélique sur le marché francophone. Toute personne un peu cultivée, mais sans formation théologique particulière pourra faire son miel de ce livre de près de 1.800 pages.
N’y a-t-il donc aucune critique à formuler ? Pour une telle entreprise, ce serait demander l’impossible. Chacun pourra regretter l’absence d’une entrée qui lui aurait paru intéressante, mais il est vrai que pour contenter tout le monde, il aurait sans doute fallu une bibliothèque. Ma seule réserve porterait sans doute sur la notion même de « dictionnaire biblique ». En ce qui concerne les grands thèmes bibliques, on pourrait rêver d’un ouvrage qui présenterait les données bibliques dans leur diversité, parfois leur complexité, qui, éventuellement pourrait proposer les grandes synthèses qui ont pu en être faites dans la théologie, mais qui laisserait en tout cas au lecteur le choix de sa propre interprétation du texte biblique. Or, sur plusieurs grands thèmes, traités d’ailleurs par des britanniques ou des francophones, certains articles sont de véritables petits traités de théologie qui prennent radicalement position sur des questions largement discutées dans le monde évangélique. Il ne serait donc pas étonnant que tel lecteur sursaute devant certaines affirmations qui sont certes bien défendues, mais particulièrement orientées vers une théologie particulière, peut-être différente de la sienne. Les articles essentiels sont suivis d’une bibliographie. Il faut reconnaître que certaines ne proposent que des titres soutenant la position choisie. Mon rêve d’un dictionnaire biblique qui ne serait pas encore dictionnaire théologique est-il réaliste ? Sans doute pas car toute lecture est déjà interprétation. Mais on aurait pu s’approcher un peu plus de cet idéal en présentant de manière plus équilibrée diverses possibilités (évangéliques) de comprendre les données bibliques.
Malgré ce petit regret qui ne concerne que quelques articles et qui nous rappelle qu’un dictionnaire n’est pas la vérité dernière, fût-elle biblique, nous avons là un pavé qui doit prendre place dans toute bibliothèque de pasteur, de prédicateur ou de lecteur régulier de la Bible. C’est un livre à acheter, peut-être à se faire offrir ; c’est en tout cas un investissement fructueux car il sera certainement d’usage fréquent.
La jaquette nous annonce pour cette année un Dictionnaire de Théologie Biblique, elle nous met déjà l’eau à la bouche…