Un livre fondamental, qui suscite déjà beaucoup de polémiques, vient de sortir. Il n’est pas un ouvrage de théologie ou même de sociologie : c’est juste un « essai » ! Cette manière d’écrire un livre peut étonner, agacer même : il est un choix délibéré de l’auteur de présenter les choses dans un nouveau langage.
Au travers d’images et de récits de rencontres diverses, Brian nous conduit vers l’église dans ce qu’elle est d’essentiel : un lieu efficace et public où l’évangile est annoncé ! Dit ainsi, comment résister ? Et pourtant, cette tendance est vive !
-Premièrement parce que Brian ne nous propose pas une réforme mais une « révolution » ! L’église réinventée, c’est l’église émergente !
-Ensuite parce sa vision de l’église est complètement différente de nos habitudes : l’église est désormais POUR le monde, dans la vision de Mac Laren
-Enfin, Brian voit la « crise » en terme positif : il s’agit d’une crise de croissance !
1.Une église à réinventer ?
Le terme fait grincer les dents évangéliques ! L’église n’est-elle pas ce qu’elle EST ? Elle n’est pas à inventer et encore moins à réinventer !… Le terme a été choisi après beaucoup d’hésitation : il faudra retenir l’idée plus que le mot, trop discutable !
L’idée assez simple, c’est que notre imaginaire, notre vision de l’église est plus culturelle que biblique. Cette idée devient, du coup, assez banale pour un protestant : l’institution a toujours eu tendance à alourdir l’inspiration initiale. Le côtoiement d’une église invisible, critique d’une église visible, a servi à la réforme à expliquer pourquoi l’église a toujours été « protestante » !
Mais Brian ne parle pas seulement de réforme mais bien de révolution ! Il s’agit de fermer l’église dans un premier temps pour l’ouvrir sur d’autres horizons dans un second temps. Cette rupture est d’après lui nécessaire. Brian appuie son propos sur un constat : nos église sont pensées pour rester des petites unités : non pour accueillir du monde ! Or, c’est le « monde », au minimum la « foule » que nous sommes appelés à atteindre.
Les arguments sont à la fois imparables et insupportables pour un pasteur ! C’est pourtant un pasteur qui parle : un pasteur qui a bien vu que son église ne grandissait plus et qui a décidé AVEC son conseil de la fermer pour l’ouvrir après avoir préparé un changement de projet. Il a perdu certains membres (qui sont partis dans d’autres églises) mais il en a gagné beaucoup d’autres, qui n’auraient pas pu s’intégrer autrement. Il y a désormais pas moins de 600 personnes qui fréquentent son église.
« L’église à réinventer » n’est pas une « église à succès » mais une église qui aime ses contemporains. Concrètement cela donne un coup d’arrêt : une église qui revoit ses objectifs et sa croissance de manière ouverte et exponentielle ! Se contenter de survivre représente déjà un aveu d’échec. Jean en refuse l’idée dans ses lettres aux 7 églises !
2.Une église qui vise l’essentiel
Un soldat ne s’encombre pas de matériel inutile nous enseigne Paul… Brian va dans le même sens : il ne s’agit pas tant de rajouter dans l’église d’autres activités encombrantes mais faire un tri drastique qui jettera au panier tout ce qui n’est pas utile à la mission de l’église.
Concentrer tous les efforts vers la mission : cet élément permettra de visualiser les membres de l’église non comme des consommateurs mais comme les participants à une œuvre collective de l’église. Cela signifie aussi d’avoir une théologie « pratique » : applicable, qui cherche toujours les applications concrètes… Cela signifie discuter, parler, même de ce qui fâche ! Le fonctionnement efficace est prioritaire sur les habitudes ; le travail d’équipe et la coordination tend à remplacer les structures hiérarchisées.
Les esprits chagrins se plaindront d’une église qui fonctionne comme une entreprise ? Brian répondra que l’église a toujours reprise les fonctionnements de son temps. Si l’entreprise a su développer une organisation efficace, pourquoi l’église s’en priverait-elle ? Mais il ajouterait que la grande différence, c’est que l’intérêt qui prime n’est pas celui de l’église mais celui de ses visiteurs. Comme si un magasin visait « vraiment » l’intérêt du client comme prioritaire ! Il rajouterait, avec son sourire habituel : l’église ne ressemble-t-elle pas déjà à une boutique ? Elle est précisément appeler à démontrer que son but se situe en dehors d’elle-même : en s’ouvrant !
Cet humour, ces anecdotes, son style peut étonner… C’est que pour parler de ces choses sérieuses, il faudra passer du bureau au salon ! Il y a désormais place pour le débat, pour les essais, pour les remises en questions ; bref, pour la relativité et le tâtonnement. Virer l’inutile, tester de nouvelles méthodes : l’église troquerait-elle sa « Parole éternelle » pour des « actions éphémères » ?
Brian a une théologie assez johannique (surtout la première épître) : la parole s’incarne dans l’amour des croyants pour leurs contemporains. Il y a là un essentiel qui s’accommode de toutes les situations : notre stratégie sera largement autant artistique, inventive que théologique et théorique. Brian ne remplace pas l’une par l’autre mais tend à nous montrer leur complémentarité nécessaire. A la confession de foi de l’église s’ajoutera une « confession pratique » du style : « je participerai financièrement aux besoins de l’église selon mes moyens » ou encore « je crois au travail d’équipe »…
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