«Aux yeux de beaucoup, j’ai différents visages: responsable en matière de droits civiques, agitateur, fauteur de troubles et orateur. Mais en mon for intérieur, je suis fondamentalement un homme d'église, un prédicateur baptiste. C'est à la fois mon être et mon héritage, car je suis fils, petit-fils et arrière petit-fils de prédicateurs baptistes».
Le Dieu du prédicateur noir
Martin va suivre d'excellentes études et sort de l’université en intellectuel bien formé qui garde certaines distances vis-à-vis de la piété des églises noires aux manifestations enthousiastes. C'est une fois engagé dans le mouvement pour les droits civiques et confronté à des menaces de mort qu'il va retrouver au cours d’une expérience marquante, une relation vivante avec celui qui lui dit: «Martin Luther, lève-toi, lève-toi pour le droit, lève-toi pour la justice, lève-toi pour la vérité. Et je serai avec toi jusqu’à la fin du monde».
Le Dieu que retrouve le pasteur King est celui de ses pères, le Dieu libérateur qui fit traverser aux Hébreux la Mer Rouge et que chantent les negro spirituals, «Celui qui ouvre un chemin là où il n’y a pas de chemin». C'est sur cette foi que se fonde le chant si célèbre «We shall overcome» (nous serons vainqueurs). Il n'exprime pas un optimisme naïf; il est une confession de foi.
Le prix de l'amour
Pour Martin Luther King, «Jésus est le langage de l'éternité traduit dans les mots de notre temps»et le pasteur noir s'est toujours voulu avant tout un disciple de Jésus. Toute sa lutte non-violente se veut simplement la mise en pratique de l'amour radical du prochain et de l'ennemi que Jésus nous enseigne.
Mais au cœur de sa méditation sur Jésus, il y a «la croix ... symbole de l'amour de Dieu agissant dans le temps».
La Loi et les lois
Martin Luther King distingue très précisément la Loi morale qui vient de Dieu et toutes les lois particulières. Celles-ci ne sont justes que lorsqu'elles essaient de traduire la Loi dans le concret de l'histoire et de la société. Bien que secondes, elles ont leur utilité. «C'est tout à fait vrai qu'une loi ne peut obliger quelqu’un à m’aimer, mais elle peut l’empêcher de me lyncher». Il est donc juste de ne pas se soumettre à une loi injuste, mais de résister avec respect. C'est pour cette raison que les militants des droits civiques et Martin Luther King à leur tête, ont si souvent rempli les prisons.
La réconciliation
Pour Martin Luther King, la résistance non-violente à l'injustice n’est pas une fin en soi. Le vrai but est la création d'une communauté réconciliée. Si on ne peut échapper au conflit, il faut le vivre d’une manière telle qu’il ne suscite pas de ruptures irrémédiables. C’est la raison fondamentale de la non-violence. Lutter pour la justice jusqu'à la victoire, mais avec amour et dans le but, si cela est possible, de convertir l’adversaire et non de l'humilier.
L’amour est au centre et au coeur de la résistance. Il est un engagement de vie pour les autres en réponse à l'amour de Dieu pour nous et à la suite de Jésus. «Il s’agit d’aimer ses ennemis au point de s’asseoir avec eux au buffet d’un restaurant pour les aider à se trouver eux-mêmes, au point de consentir à aller en prison».
Toute l'action et la lutte de Martin Luther King et de tous ceux qui l'ont suivi reposent sur cette certitude que Dieu est amour, qu'il sera finalement victorieux et que la justice triomphera.
... «Heureux les doux car ils hériteront la terre» (Matthieu 5.5) ...