L’accompagnement des personnes dans l’Église, qu’on appelle diversement accompagnement pastoral, relation d’aide ou autre, occupe une certaine part du temps des pasteurs et autres responsables chrétiens. Cet accompagnement prend la forme de « dialogues pastoraux », souvent dans le cadre d’entretiens suivis, et vise à permettre à quelqu’un qui traverse des difficultés intérieures, relationnelles, spirituelles ou autres, d’entrer dans un cheminement constructif.
Mais il y a débat. Cet accompagnement nécessite-t-il des ministères « spécialisés », qu’ils soient ceux de pasteurs, d’accompagnants ou autres, ou bien est-il l’affaire de tous (« les uns les autres ») et relève-t-il du fonctionnement ordinaire de la communauté chrétienne ?
Pour comprendre le débat, nous allons mettre en présence des positions opposées, tout en sachant qu’il existe des positions intermédiaires, et qu’elles ont des chances d’être les meilleures voies…
C’est l’affaire de tous…
L’époque moderne est marquée par l’individualisme, on le sait. Les époques antérieures étaient caractérisées par un fonctionnement social beaucoup plus collectif où, selon certains, l’Église était collectivement responsable des âmes des fidèles, avant que cette responsabilité ne soit confiée à des spécialistes.
Larry Crabb, dans son livre Connectés les uns aux autres, exprime l’évolution qu’il a connue : après avoir proposé des méthodes et cherché à former des spécialistes de l’accompagnement, il a redéfini sa perception du problème humain et des solutions que l’on peut y apporter(1). Le problème humain, dit-il, est foncièrement un problème relationnel. L’âme humaine aspire à la communauté ; et en l’absence de relations communautaires satisfaisantes, l’âme souffre cruellement ; elle cherche un apaisement que la communauté seule peut lui donner, sinon elle meurt (p.10). « La cause réelle de nos luttes provient d’une âme déconnectée. » (p.1)
La relation d’aide ne consiste donc pas à ...