Éloge de la répétition

Extrait L'Église dans tous ses états

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Prière communautaire 920x500 Dans la spiritualité et la culture dominantes des Églises évangéliques, on considère la répétition plutôt d’un mauvais œil. On craint les vaines redites lorsque l’on répète les mêmes paroles plusieurs fois lors d’un culte ; on critique d’autres Églises et leur spiritualité qui reprennent les mêmes textes de dimanche en dimanche ou d’année en année ; on qualifie les formules liturgiques de « paroles sans vie » ; on évite tout geste rituel lors de la cène, dans l’espoir de vivre chaque célébration de manière spontanée, informelle et libre… Surtout, pas de répétition !

En bref, chaque rassemblement de l’Église le dimanche est appelé à être un événement radicalement unique, sui generis.

Les raisons invoquées pour cette critique de la répétition vont du besoin de changement, pour éviter l’écueil de la lassitude, à la critique de l’hypocrisie que véhiculerait immanquablement le fait de répéter les mêmes paroles, textes ou gestes : la répétition s’opposerait nécessairement à l’authenticité. Sur un registre plus théologique et spirituel, on laisse fréquemment entendre qu’une parole spontanée, non préparée, est inspirée par le Saint-Esprit. J’en veux pour preuve les propos de ce type, entendus lors de cultes de la part de la personne qui préside ou prêche : « J’avais prévu de vous parler de la bonté de Dieu, mais j’ai été poussé ce matin à vous parler plutôt du jugement de Dieu. » Comprenez, en creux : ce qui est préparé à l’avance (comme le sont des textes liturgiques) est moins inspiré par l’Esprit de Dieu que ce qui survient à l’esprit peu avant le culte. Surtout, pas de répétition !

La culture ambiante influence ces préférences : la stimulation par la nouveauté est le propre d’Internet, des réseaux sociaux, recherche de nouveauté qui conduit à une mentalité de zapping, voire à une forme d’addiction à la nouveauté ; tout cela provoque une recherche de sensationnalisme, à l’opposé de toute forme de répétition à ranger définitivement au placard.

Par ailleurs, le phénomène du « développement personnel » a fortement favorisé la valorisation de l’authenticité de l’individu, comme manière de se réaliser : ce qui est vrai part de soi, de son ressenti, de son vécu ; pourvu que l’on soit authentique ou sincère. Cette compréhension de l’authenticité considère la répétition d’actes ou de paroles comme… castratrice. Surtout, pas de répétition !

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Auteurs
Michel SOMMER

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