Jacob est négociant en vins. Ce matin-là, il part retrouver un vigneron au marché pour vérifier une commande. En passant près du Temple, il voit une foule inhabituelle pour un jeudi. Il s’arrête pour regarder : c’est Jésus, le fameux prédicateur. Intrigué, Jacob se mêle aux autres.
Le piège
C’est alors qu’arrivent Caleb et ses acolytes : ils prétendent être les plus religieux, les garants de la vraie tradition. Ils ne supportent pas le message révolutionnaire de Jésus qui parle sans cesse d’amour. Tout agités, ils fendent la foule en tirant violemment une femme par le bras. Ils apostrophent Jésus : « Eh toi, toi qui parles si bien, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Tu connais la loi de Moïse ; elle nous ordonne la lapider cette pécheresse. Que vas-tu faire ? »
Jacob se rapproche pour voir comment Jésus va s’en sortir. C’est alors qu’il voit l’accusée, encore à moitié déshabillée. Le sang lui monte au visage, ses yeux se brouillent, ses oreilles sonnent – c’est Myriam, sa femme ! Sa femme ! Ici ! Adultère ! Elle ? Mais avec qui ? Où est-il, ce traître ? Et elle, après tout ce qu’il a fait pour elle, comment a-t-elle pu ? Au bout de 14 ans de mariage ! La colère, la honte, la souffrance, se bousculent en lui. Son cœur crie vengeance et il se met à vociférer avec les autres : « Qu’on la lapide, cette traîtresse ! »
Chacun remis à sa place
Mais Jésus se tait. Au bout de longues minutes, il ouvre enfin la bouche : « Que celui qui est sans péché jette la première pierre ! »
Que celui qui est sans péché... Il exagère, Jésus ! Personne n’est sans péché, c’est vrai ! Mais de là à trahir, à tromper, à s’avilir dans l’adultère ! Ce n’est pas pareil !
Que celui qui est sans péché... les dernières semaines lui reviennent en mémoire. Il revoit ses propres failles.
Que celui qui est sans péché... il repense à cette histoire que Jésus a racontée quelques jours avant : ce père a pardonné à son fils qui l’a pourtant trompé et humilié. Il repense au soulagement d’être pardonné qu’il avait ressenti ce jour-là car il avait bien compris que Jésus parlait en réalité de Dieu qui aime et qui sauve.
Des recommencements possibles
Jacob se détourne. Il sait qu’il n’est pas meilleur que sa femme devant Dieu. Lui aussi est impardonnable à sa façon. Et pourtant, Jésus lui a montré que Dieu l’accueille, l’aime et lui pardonne ses manquements, ses échecs, ses péchés. Il n’a plus le cœur à la vengeance. Malgré sa peine et son indignation, il sent même naître un espoir : peut-être que lui aussi peut redonner une chance à leur mariage. Peut-être qu’il peut faire avec Myriam comme Dieu a fait avec lui ?
Jésus parle à nouveau, mais cette fois à Myriam : « Puisque personne ne t’a condamnée, moi non plus je ne te condamne pas. Va, et ne pèche plus. » Elle s’en va, la tête basse, visiblement bouleversée par cette chance d’un nouveau départ. C’est alors qu’elle croise le regard de son mari. Elle sursaute de frayeur et de honte, mais Jacob lui tend la main et lui sourit faiblement : « Et si on reprenait à zéro ? »