Mon fils Jonathan est au bord des larmes. Depuis des heures, les disciples du fameux Jésus le triturent dans tous les sens. Mais après mille prières et rituels, il n’est toujours pas guéri. Pour couronner le tout, une foule de curieux nous entoure, totalement indifférente à nos soucis.
Un homme arrive. Je reconnais Jésus quand ses disciples le rejoignent. Ils discutent avec vivacité. Jésus se tourne vers nous et demande à quoi rime cette agitation. Comme plusieurs me regardent avec insistance, j’ose répondre :
- Maître, mon fils souffre depuis des années, possédé par un esprit violent, qui le jette dans l’eau, le feu, contre les murs, sur le sol… Quand j’ai entendu dire que tes disciples étaient ici, j’ai couru leur montrer mon fils pour qu’ils le délivrent, mais ils ont échoué.
Contrarié, Jésus disperse la foule. Ensuite, il nous fait signe de venir. Dès que Jonathan arrive devant Jésus, la crise commence : il se roule sur le sol, en criant et en bavant, comme à chaque fois. Moi aussi je tremble en voyant mon fils dans cet état.
Jésus le regarde attentivement quelques instants puis se tourne vers moi :
- Quand cela a-t-il commencé ?
- Quand il était tout petit ! Nous vivons sans cesse dans l’angoisse de ces crises, qui ont plusieurs fois failli le tuer. J’ai vu nombre de guérisseurs, sans succès. Mais toi, si tu peux faire quelque chose, aide-nous !
Jésus lève un sourcil :
- Si tu peux, dis-tu ? Tout est possible à celui qui croit.
Je corrige :
- Je crois, je crois ! Aide-moi !
Mais Jésus ne répond rien, il me regarde seulement. Et dans le silence résonne sa phrase « Tout est possible à celui qui croit »… moi, je crois ! Enfin… je veux croire ! Mais après tant de souffrances et de déceptions, quelque chose s’est cassé en moi.
Jésus est toujours devant moi, silencieux, attentif. Dans son silence, les questions se bousculent en moi : « Est-ce que je crois vraiment que tout est possible ? Mais qui pourrait tout faire sinon Dieu lui-même ? Qui est donc ce Jésus ? Que dois-je comprendre ? Il paraît sûr de lui, comme s’il n’avait rien à prouver. »
Je lance un coup d’œil vers mon fils, inanimé sur le sol, et je crie :
- Je crois, mais viens au secours de mon manque de foi !
Jésus s’accroupit, passe la main sur le front de Jonathan, le relève avec douceur. Je vois son visage détendu, ses yeux apaisés. Mon fils est guéri !
Au fond de moi, une autre guérison a eu lieu, invisible mais radicale : Dieu existe, il agit et sauve aujourd’hui. Dieu nous aime. Jésus en est la preuve.