Marie et moi venions d’enterrer Lazare, notre frère. J’étais dans un état lamentable.
Des pourquoi sans réponse
En plus de souffrir de sa disparition, une question revenait toujours entre nous : pourquoi Jésus nous avait-il abandonnées quand nous avions besoin de lui ? N’étions-nous pas ses amis ? Ne l’avions-nous pas souvent accueilli chez nous ? Pourquoi donc n’avait-t-il pas réagi quand nous l’avons prévenu que son ami Lazare commençait à perdre pied ? Au lieu de cela : rien ! Pas de visite, pas un mot, rien ! Notre tristesse avait le goût amer de la déception.
Et puis, des connaissances nous ont averties que Jésus arrivait. Dès que je l’ai su, j’ai couru pour aller à sa rencontre. Mes premiers mots ont été plus forts que moi : « Jésus, si tu avais été là quand Lazare était malade, aujourd’hui il ne serait pas mort. » N’avait-il pas guéri tant de personnes ? Pourquoi pas Lazare ?
Espoir déçu
Jésus a d’abord gardé le silence. En le voyant, je me prenais encore à espérer en me disant que s’il était capable de guérir les malades, quelque chose était encore possible de sa part… Finalement, il m’a dit : « Tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. » J’ai alors pris conscience que ce que j’espérais, c’était de la folie ! Lazare était mort depuis quatre jours ! Même Jésus, devant la mort, que pourrait-il faire ?
Alors Jésus a ouvert une nouvelle fois la bouche : « Ton frère se relèvera. » Ça, je le savais depuis mon enfance. Oui, un jour, Dieu établira un monde nouveau en rappelant à la vie ses enfants. Jésus ne faisait que me rappeler ce que je croyais déjà. Il m’invitait à faire confiance à Dieu et à croire que la mort de Lazare n’était pas la fin… Mi-rassurée, mi-déçue, je me préparais à rentrer quand Jésus m’a attrapée par le bras et m’a dit : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt. Crois-tu cela ? »
Avec crainte, je me suis dégagée. J’étais complètement abasourdie car Jésus était au bord du blasphème ! Dieu seul fait vivre, Dieu seul fait des miracles ! C’est vrai que Jésus était très fort, mais de là à prétendre qu’il avait le pouvoir de Dieu, qu’il était la source de la vie, bref qu’il était Dieu lui-même… il y avait là un pas impossible à faire !
Et si c’était vrai ?
Mais en y regardant bien, tous ses faits et gestes, ses paroles et ses enseignements semblaient couler de Dieu lui-même ! Sa puissance, sa bonté, sa sagesse, sa bienveillance… Et si c’était vrai ? Et si Jésus était, bien plus qu’un homme, bien plus même qu’un prophète ? Un peu tremblante, j’ai alors choisi de croire : « Oui, je crois. Je crois que tu es celui que Dieu a promis, celui qui vient de Dieu pour sauver. Je crois que toi aussi tu es la source de la vie. »
J’ai vécu les heures qui ont suivi comme dans un rêve. Quand nous sommes arrivés devant le tombeau, Jésus a crié : « Lazare, sors ! » Alors j’ai senti tout ce qui était mort en moi s’animer, comme un feu dans mon cœur. Et quand Lazare est sorti du tombeau, couvert de bandelettes mortuaires, je n’ai presque pas été étonnée. Oui, Jésus donne la vie !