1.250 ans environ avant notre ère, des hommes et des femmes viennent d’être libérés de l’esclavage en Égypte. La Bible nous rapporte qu’ils sont réunis autour du mont Sinaï et qu’ils tremblent de peur. Pourquoi? Dieu s’y révèle: la montagne est en feu, le vacarme est assourdissant. C’est au point qu’ils disent à Moïse leur conducteur: «Parle-nous, toi, et nous t’écouterons. Mais nous ne voulons pas que Dieu nous parle directement. Sinon, nous allons mourir» (1).
Ce vœu a été exaucé. Plus tard dans le temple de Jérusalem, il n’y a qu’un seul homme, le grand prêtre, qui peut une seule fois par an entrer dans la salle intérieure du sanctuaire. C’est là que Dieu a promis d’être plus particulièrement présent. Un jour, le roi Ozias s’est permis de faire irruption dans le Temple. Résultat: il a été frappé par la lèpre (2)!
Dieu parmi les hommes? Inimaginable!
Même les hommes de prière le reconnaissent dans la Bible: «Notre Dieu est au ciel» (3). Le sage renchérit: «Ne te dépêche pas de faire des promesses à Dieu. Dieu est au ciel, et toi, tu es sur la terre (4). Et les prophètes alors? L’un deux transmet de la part de Dieu: «Le ciel est mon siège royal, et la terre est le lieu où je pose les pieds. Quelle maison est-ce que vous pouvez me bâtir? Quel est le lieu où je peux habiter? Toutes ces choses, c’est moi qui les ai faites...» (5).
Et lorsque le prophète ose s’écrier: «Ah! Si tu déchirais le ciel et si tu descendais» c’est pour aussitôt ajouter: «les montagnes trembleraient devant toi. Tu serais comme le feu qui brûle les buissons... Devant toi, les peuples trembleraient» [63.19]. L’auteur du livre des Proverbes souligne quant à lui que le commencement de la sagesse, son essence même ou son principe, c’est la crainte du Seigneur (6). Car Dieu est le Tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. En lui, toute réalité demeure et se maintient. Il est le Seigneur trois fois saint qui ne supporte pas la moindre poussière de mal!
Dieu parmi les hommes? Impensable!
La Bible le rappelle de la première à la dernière page: Dieu est un, et il n’y pas d’autre dieu à côté de lui. Contrairement aux usages de son époque, elle proclame que pas plus Pharaon que les rois d’Assyrie ou de Babylonie ne sont fils de la divinité. Plus tard, le grand, l’auguste, le suprême empereur de Rome a dû se résigner dans ses tribunaux et ses arènes: jamais un chrétien n’accepte d’offrir des sacrifices en son honneur. Car aucun humain n’est divin! C’est normal: le Dieu de la Bible exècre et condamne l’idolâtrie.
On comprend donc que les Juifs de l’époque de Jésus, même ceux qui l’ont connu de près et qui ont vu ses miracles, aient eu tant de peine à imaginer qu’Il était Dieu venu parmi les hommes. Les membres de sa famille ont conclu qu’il avait perdu la raison (7).
Dieu parmi les hommes? Pourtant annoncé!
Une voix ancienne, sept cents ans plus tôt, l’avait cependant annoncé par des propos étonnants. Pour répondre à l’incrédulité du roi Achaz, Dieu proclame par le prophète Ésaïe:
«Écoutez donc, vous qui êtes de la famille du roi David! Vous fatiguez les gens, et on dirait que cela ne vous suffit pas. Vous fatiguez aussi mon Dieu! Eh bien, le Seigneur lui–même vous donnera un signe: la jeune fille sera enceinte et elle mettra au monde un fils. Elle l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu-avec-nous» (8).
Le prophète précise son identité un peu plus loin: «Il a reçu l’autorité d’un roi. On lui donne pour nom: Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père pour toujours, Prince de la paix». Le prophète Michée, son contemporain, sans doute frappé par ses paroles, annonce le futur événement en le localisant à Bethléem. Il précise: «… jusqu’au temps où accouchera celle qui doit accoucher» (9).
L’apôtre Pierre précisera plus tard: «aucune prophétie de l’Écriture ne reflète la pensée personnelle (de son auteur). Ces saints hommes de Dieu ont parlé parce que le Saint–Esprit les y poussait, et ils ont prononcé les paroles que Dieu leur inspirait» (10).
C’est donc bien le Seigneur lui-même qui a imaginé et décidé de descendre du ciel sur la terre, voilé d’humanité. Non pour être l’un de ces rois ou empereurs, mélanges païens de divin et d’humain. Pas davantage pour être une nouvelle divinité à adorer à côté de Dieu, qui est un. Il a décidé d’habiter pour toujours, comme dans un Temple, en un homme pleinement humain.
Pour annoncer la naissance de Jésus, l’ange rappelle à Joseph son père adoptif, l’ancienne promesse: «La jeune fille... mettra au monde un fils. On l’appellera Emmanuel, ce qui veut dire “Dieu avec nous”» (11).
Oui, c’est Dieu qui a imaginé l’inimaginable. Et il l’a fait!
Pourquoi? À cause de lui-même! Il est le Tout-puissant qui peut tout, le Créateur qui est chez lui chez nous, le Saint qui veut éradiquer le péché. Il est par-dessus tout l’Amour qui se donne pour sauver. Jésus ne signifie-t-il pas «le Seigneur sauve»?
Noël, miracle inimaginable. Noël: miracle de l’Amour!