Le Nouveau Testament contient quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean). Ce sont les seuls que les premiers chrétiens ont reconnus comme «canoniques», comme ayant autorité de Parole de Dieu.
D’autres évangiles existent, cependant, qui rapportent, eux aussi, certains faits et certaines paroles, attribués à Jésus. Ces évangiles non canoniques sont appelés «apocryphes» car leur lecture ne pouvait se faire publiquement dans l’Église.
Plusieurs de ces évangiles sont consacrés à la famille et à l’enfance de Jésus. Tel est le cas du Protévangile de Jacques qui donne une place essentielle à Marie et souligne qu’elle est demeurée vierge. Dans l’Histoire de l’enfance de Jésus, Jésus, enfant, prononce un jugement contre un enfant qui lui heurte l’épaule et qui meurt. Une autre fois, Jésus façonne douze oiseaux avec de la boue et leur donne la vie. Et à plusieurs autres occasions, l’enfant Jésus accomplit divers miracles.
D’autres évangiles renvoient à la mort et à la résurrection de Jésus. L’Évangile de Pierre insiste sur le miraculeux: les gardes voient trois hommes sortir du tombeau, la tête de deux d’entre eux atteint le ciel et celle du troisième le dépasse. Une croix les suit, une voix se fait entendre du ciel… et une réponse vient de la croix.
Certains évangiles (Évangile des Hébreux, Évangile selon les Égyptiens, Évangile des ébionites, etc.) ne nous sont connus que par des citations d’auteurs chrétiens des IIIe ou IVe siècles; d’autres ont été retrouvés à Nag Hammadi, en Égypte, en particulier l’Évangile selon Thomas qui contient cent quatorze dits attribués à Jésus, «les paroles secrètes» de Jésus (1.1).
Pour bien comprendre les enjeux, relevons trois types principaux de différences entre les quatre évangiles canoniques et les nombreux évangiles apocryphes
Leur âge
Seuls les quatre évangiles canoniques datent du Ier siècle. Les spécialistes s’accordent pour dater l’évangile de Marc de 63 ou 64; plusieurs situent la rédaction des évangiles de Matthieu et de Luc autour de ces mêmes dates (d’autres proposent plutôt les années 80). Ces deux évangiles semblent inclure une tradition écrite bien plus ancienne qu’on a coutume de nommer Source Q (de Quelle, «source» en allemand). Les évangiles apocryphes les plus anciens, quant à eux, sont apparus au plus tôt, pour quelques-uns d’entre eux, dans la première moitié du IIe siècle, beaucoup plus loin des faits.
Leurs auteurs
Ceux des évangiles apocryphes s’identifient pour la plupart dans le texte et de manière fictive, à des personnages qui ont vécu à l’époque de Jésus (Pierre, Jacques, Thomas, etc.). Les évangiles canoniques, au contraire, ne donnent pas le nom de leur rédacteur. On sait que, dès la fin du Ie siècle, ces écrits faisaient autorité dans l’Église et la raison unanime qu’en donnent les auteurs chrétiens anciens est que ces évangiles ont été rédigés par un apôtre (Matthieu, Jean) ou sous la responsabilité d’un apôtre (Marc lié à Pierre, Luc à Paul). Il fallait qu’ils se fondent sur la parole de ceux qui avaient été les témoins des événements de la vie de Jésus.
Leur contenu
Il suffit de lire les évangiles apocryphes pour discerner ce qui les différencie des évangiles. Ils «brodent» sur ce que Matthieu, Marc, Luc ou Jean ne disent pas, en y ajoutant du miraculeux ou en se faisant les promoteurs de doctrines étrangères aux évangiles canoniques. Ils se font ainsi l’écho de la piété populaire en magnifiant l’enfance de Jésus ou le rôle de Marie. D’autres enseignent l’ascétisme, en particulier dans le domaine sexuel, favorisent les doctrines gnostiques en les intégrant à l’enseignement de Jésus ou font porter toute la culpabilité de la mort du Seigneur sur les Juifs en en dédouanant Pilate. On comprend que ces écrits, témoins de la spiritualité d’une époque, n’ont jamais été jugés canoniques.
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Petit lexique
Canon : ensemble des livres de la Bible, reconnus comme divinement inspirés.
Apocryphe : qui n’est pas admis dans le canon. Se dit aussi d’un texte qui n’est pas authentique.
Gnosticisme : système de pensée qui fonde le salut sur un rejet de la matière et une connaissance supérieure des choses divines. Il a été combattu dès le début du christianisme.