Je n’aime pas enfoncer ce qui m’apparaît comme une porte ouverte, mais il y a des limites à tout. Monsieur Mittal a décidé de fermer les usines de la phase à chaud de la sidérurgie liégeoise.
À terme, c’est entre 5.000 et 15.000 personnes (emplois directs et indirects) qui vont se retrouver au chômage*. Une catastrophe sociale : la ville de Liège compte environ 200.000 habitants.
Que de pourtant !
Pourtant, l’outil liégeois est rentable et performant.
Pourtant, le groupe Mittal fait de bons bénéfices.
Pourtant, Monsieur Mittal n’est pas dans le besoin, lui qui a dépensé 25 millions d’euros pour le mariage de sa fille.
Pourtant, le gouvernement l’a aidé avec une fiscalité avantageuse qui a permis à l’entreprise d’éluder un milliard d’euros de taxe.
Pourtant, le groupe de recherche du bassin liégeois est un des plus performants au monde (c’est notamment là que la galvanisation et le revêtement sous vide ont été inventés).
Pourtant, la veille de l’annonce de la fermeture, on engageait encore des jeunes avec des contrats à durée indéterminée.
Pourtant, la sidérurgie liégeoise produit une des meilleures qualités d’acier au monde (on en retrouvait sur les navettes spatiales américaines).
Pourtant… cela n’aurait pas coûté grand-chose à Monsieur Mittal de ne pas jeter tant de familles dans la précarité. La seule raison qui conduit à ce massacre social est la volonté du groupe de ne pas être en surproduction par rapport à la demande mondiale et d’ainsi maintenir le cours de l’acier au plus haut niveau possible. Alors Liège est sacrifiée car si sa production est une des meilleures au monde, elle est légèrement plus chère** que les autres et sa capacité est moindre que les autres usines européennes du groupe.
Deux poids, deux mesures
Lorsque la banque Dexia a frôlé la fermeture, l’État belge a débloqué, en 24h, 4 milliards d’euros pour sauver une société financière qui s’écroule parce qu’elle a joué en bourse avec l’argent des communes et donc des contribuables. La phase à chaud de la sidérurgie liégeoise est viable si un industriel investit ce qu’il faut et se contente de bénéfices suffisants mais pas plantureux. Le gouvernement fera-t-il une offre ? Mittal n’est pas vendeur. Il préfère abandonner l’usine plutôt que vendre l’outil à un éventuel futur concurrent.
Quand l’économie, l’écologie, « l’animalerie », le géo-politique ou quoi que ce soit prend le pas sur l’humain, cela vire toujours à la corrida. La mise à mort est toujours honteuse et elle fait des dégâts sans nom. Tous les « crève la faim » de la terre vous le diront. Dieu, lui, a tant aimé le monde qu’il s’est donné lui-même pour que nous soyons sauvés. Ça paraît fou et utopique mais c’est la seule direction qui mérite le respect.
Monsieur Mittal, malgré votre succès, votre argent, votre pouvoir et vos compétences indéniables, vous n’avez pas mon respect.