Le drame de Termonde a bouleversé toute la Belgique et même au-delà. Et comme si l’horreur de cette puéricultrice et de ces bébés massacrés à coups de couteau ne suffisait pas, le jeune meurtrier se terre depuis des semaines dans un silence qui augmente le malaise. Car nous ne supportons pas d’imaginer qu’un homme comme nous soit capable de telles atrocités. Il nous faut trouver une raison, une explication, même condamnable, pour soulager notre tension. Il faudrait que l’auteur soit fou, si différent de nous que son acte ne questionne pas nos zones d’ombre.
Une explication pour rassurer?
Mais l’explication n’est-elle pas justement en nous? Sartre et Nietzsche ont osé tirer toutes les conséquences de leur athéisme en écrivant: «Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis»(1). Oui, si Dieu n’existe pas alors le bien et le mal sont relatifs, relèvent de la subjectivité de chacun(2) et donc, tout est permis, même l’impensable(3). Mais si Dieu existe, alors existent un bien en soi et un mal en soi. Si Dieu existe et qu’il est bon, la rupture relationnelle d’avec lui provoquée par l’homme (le péché) ne peut avoir comme conséquence que l’irruption du mal dans toute son horreur au sein de notre existence.
C’est pourquoi ce cri si souvent entendu en de pareilles circonstances est contradictoire: «Si Dieu existe comment peut-il permettre cela?». Car si Dieu n’existe pas, il n’y a plus de mal en soi, plus que des jugements subjectifs et variables au fil du temps et des variations de conscience de l’homme, plus personne pour déclarer de manière absolue le mal du mal. Par contre, si Dieu existe, nous pouvons réellement nous élever contre ce mal comme le fait le prophète Habacuc en criant: «Seigneur, jusques à quand?»(4)
Savoir à qui poser nos questions
Notre révolte face au mal dans ses expressions les plus sordides, ce n’est qu’à Dieu que nous pouvons la confier. Nous ne comprenons pas, nous ne savons pas pourquoi Dieu a laissé faire mais nous pouvons lui confier notre douleur parce que nous savons que Dieu est bon, qu’il a vaincu le mal et qu’il le combat activement jusqu’au jour où il y mettra un terme définitif. Cela il l’a prouvé en assumant le mal de l’humanité en la personne de Jésus-Christ et remportant la victoire de la résurrection. Celui qui saisit cette vérité entre, avec Dieu, dans la lutte contre le mal. C’est aussi cela la grâce, cette force qui permet de porter dans l’espérance cette question déchirante: «Seigneur, jusques à quand?»