Notre société vit un drôle de paradoxe : on y revendique souvent le respect comme la première des valeurs [Total Respect] alors que les médias ont fait de l’irrespect leur langage quasi unique et obligé. Les moqueries et la dérision y sont rarement bienveillantes. C’est particulièrement flagrant avec l’apparition du « bashing ».
Le bashing en quelques mots
Bashing (à ne pas confondre avec le chanteur Alain Baschung) vient d’un verbe anglais qui signifie « frapper violemment, infliger une raclée ». On peut le traduire par « dénigrement » avec un sous entendu de systématique et de violent.
Le bashing est aujourd’hui une forme de défoulement collectif qui consiste à dénigrer une personne ou un sujet. Lorsqu’il se déroule sur la place publique, il s'apparente parfois à un « lynchage médiatique ».
Bien entendu on n’a pas attendu notre époque pour dénigrer, mais le développement d'Internet et des réseaux sociaux offre aujourd’hui des possibilités nouvelles. Les gens sont plus nombreux à pouvoir participer à cette activité collective dans l'anonymat complet. Le dénigrement est soudain et rapide, mais ses effets sont durables, comme un tremblement de terre.
En politique
Aux États-Unis, l’opposition de la France à la guerre en Irak a été qualifiée de « French bashing ». On l’entend évoqué aujourd’hui à propos de la critique généralisée et la dérision irrespectueuse envers l’actuel président de la République. Beaucoup s’y mettent : la presse, les hommes politiques, et finalement… un peu chacun. Ce dénigrement systématique n’est pas sans répercussion sur le pouvoir, comme sur l’État lui-même. Faute de respect envers ceux qui sont à sa tête, c’est son autorité qui est ébranlée.
Dans les entreprises
Maurice Thévenet dit que « les entreprises peuvent aussi être concernées par les tentations du « bashing ». Les entreprises sont toutes de potentielles victimes de campagnes de dénigrement, justifiées ou non... »(1) Les conséquences sur l’emploi sont parfois graves. On a pu dénigrer les aspects d’un produit ou les effets malheureux de son utilisation. On a aussi agressé les employés de certaines banques (BNP...) au moment de la crise financière. Ils n’avaient pourtant rien à voir avec les stars toutes-puissantes de la finance internationale !
Le développement d'Internet a permis de développer récemment le « social bashing ». Des sites incitent à « taper » sur des collègues de travail ou encore sur son patron. Comme l’anonymat est garanti, il n’y aura pas de représailles. Chacun peut se défouler (2).
Les entreprises, comme toutes les institutions, sont particulièrement vulnérables au déchaînement de violences, au phénomène de bouc émissaire. On comprend pourquoi : c’est le principe même d’autorité qui n’est plus partagé par tous. De plus, l’expérience du travail précaire ne permet plus de vivre des relations humaines de qualité. Quant aux cadres, ils sont trop souvent maqués par leur fonction ou leur écran d’ordinateur.
De l’espoir quand même
Mais rien n’est irrémédiable : le travail pourrait malgré tout être favorable à l’apprentissage d’un vivre ensemble et favoriser ainsi le respect mutuel indispensable à la vie en société. C’est un des plus grands défis devant nous.