…Parce qu’ils n’acceptaient pas d’être une marchandise que l’on jette aussi facilement qu’un mouchoir, nos étudiants sèchent maintenant sur leurs examens. Demain, ce sera soleil, plage et maillot de bain. Le sable renverse le regard. L’ouvrier musclé par son travail lourd exposera fièrement ses pectoraux et autres biscotos pendant que son patron gardera sa brioche à l’abri du soleil… et du regard. Pendant quelques semaines, une bonne part de notre population va être gagnée par le culte du corps beau. Pendant l’année, cette religion aux nouveaux temples (les salles de fitness) et aux prêtres cathodiques (mannequins et autres acteurs) se contente des films, des magazines et des pubs. Mais en été, c’est la totale. Sur cette scène où tout est dans l’apparence, le grand sport adolescent est le CPE: Course aux Pigeons à Embrasser. Et le pauvre pigeon n’a pas ici droit à deux ans de stage mais tout au plus à deux semaines sous le soleil, avec possibilité d’être remplacé dès le premier soir. Et dans 99% des cas, il sera jeté comme un mouchoir. Quand tout se consomme, aussi bien les travailleurs que les amourettes, comment s’étonner encore que nous soyons dans une société où la première cause de mortalité pour les 15-30 ans soit le suicide? Mais qu’il est étonnant de voir que ce que cette génération juge inadmissible dans le cadre du travail soit sa règle au niveau sentimental! Je ne m’y fais pas. Je préfère les engagements solides, forts et durables. Comme celui qui a dit: «Nul ne vous ravira de ma main» (1). Existentiellement, ça a un autre goût, moins frelaté. Sur ce, je vais reprendre le jogging, histoire de perdre quelques kilos…