À propos de: Elizabeth (1)
Dans l’Angleterre troublée du XVIe siècle, en plein conflit politique et religieux, une jeune reine sans expérience succède à la terrible Marie Tudor. Protestante, entourée d’intrigants et d’ennemis catholiques qui veulent la perte de cette “hérétique”, elle se cherche, ballottée entre ses sentiments et sa raison. Femme politique, elle aspire à affermir son royaume. Mais femme de cœur, elle ouvre aussi la porte à l’amour. Elle peine à fixer ses priorités.
Dans ce film magistral, au ton juste et aux images somptueuses, Shekhar Kapur restitue brillamment le dilemme qui se pose à la jeune Élizabeth, entourée d’ennemis comme Marie de Guise, le Duc de Norfolk, ou le roi d’Espagne.
Après une déception amoureuse et une cascade de trahisons, elle va faire son choix, et se tenir à une priorité: incarner l’Angleterre et servir son peuple par une autorité sans faille. Entourée d’hommes et d’envieux, elle n’avait pas la tâche facile! Et les Français, représentés ici par Éric Cantona (en ambassadeur) et Vincent Cassel (duc d’Anjou) ne sont pas les derniers à tenter d’affaiblir la détermination nouvelle de la jeune régnante, en lui faisant miroiter d’autres priorités plus tendres, à l’image du mariage qu’on lui propose avec tant d’insistance.
Il y a royaume et Royaume
Mais Elizabeth ne cédera pas aux sirènes. Elle tiendra bon. Elle régnera et confortera son trône, contre vents et marées. À voir la détermination d’Élizabeth à rester fidèle à sa priorité, on est saisi d’admiration. Le personnage campé par Kate Blanchett incarne le courage dans le cap maintenu: assurer son royaume au service du peuple, et déjouer les forces du chaos.
Elle fait penser à cette parabole de la perle rare racontée par Jésus-Christ dans les évangiles (Matthieu 13.45-46): pour obtenir la perle de grand prix convoitée, un marchand renonce à tous ses biens… Elizabeth, pour assurer les bases de son royaume, n’a-t-elle pas sacrifié ce qu’elle avait de plus précieux? Sa jeunesse, son insouciance, ses amours?
La différence avec la parabole, cependant, n’est pas mince. Dans un cas, la priorité (la perle) est un Royaume spirituel. Dans le cas d’Elizabeth, c’était un royaume terrestre, bien que ce dernier ne soit pas sans lien avec la foi chrétienne. Mais l’exemple peut nous inspirer: c’est en renonçant à son petit moi capricieux, en faisant un choix de service et en poursuivant avec foi sa priorité que l’ombre recule devant la lumière du Royaume.