Le titre anglais de ce grand film-choc (1) (entièrement basé sur le récit autobiographique du major Gordon) est «To end all wars», ce qui veut dire «pour finir toutes les guerres». Voilà ce qui s’appelle un vœu pieux! Comme dit la Bible, les hommes méchants «méditent de mauvais desseins dans leur coeur, et sont toujours prêts à faire la guerre!» (2) Mais l’expérience de la servitude peut faire réfléchir. C’est ce qui arrive à ces prisonniers écossais (et un soldat américain, interprété par Kiefer Sutherland) retenus par les Japonais au cœur de la jungle birmane. Obligés de construire, dans des conditions atroces, un chemin de fer dans la forêt vierge, ces forçats sont confrontés à un choix.
Deux solutions possibles
La première option est défendue par le major Campbell. Pour lui, la seule logique qui vaille est celle de la vengeance. Il n’a qu’un objectif, s’échapper et tuer ses geôliers, en qui il ne voit que des ennemis à abattre. L’autre option, proposée par le chrétien Dusty Miller, est inverse. Il observe que l’évasion, au milieu de la jungle, n’a aucun sens. Et que haïr les Japonais ne fera qu’ajouter au malheur. Suivi par le jeune Ernest Gordon et une partie des prisonniers, Dusty fonde dans le camp une petite Église, complétée par une école.
Changements d’attitude
D’abord très méfiants, les Japonais finissent par accorder leur sympathie au projet, lorsqu’ils s’aperçoivent que l’attitude des prisonniers s’améliore. Campbell prend Dusty et Ernest pour des doux dingues… Jusqu’au jour où, après une tentative d’évasion ratée, Campbell doit être exécuté. Ce jour-là se produit quelque chose d’incroyable: Dusty propose aux Japonais (qui acceptent) de mourir à la place de Campbell, à l’image de Jésus-Christ mort à la place des pécheurs. Pendant un temps, on croit toucher là au comble de l’absurde. C’est pourtant ce sacrifice qui va permettre, in extremis, un retournement final tendu et salvateur. Dans la fureur de la guerre et de ses suites, Campbell va découvrir la seule force capable de «mettre fin à toutes les guerres»: l’Évangile pratiqué. Cette force pousse à pardonner et à voir dans l’autre un frère, mettant fin au cycle de la haine et de la destruction par la force de l’espérance pascale.