Au camping des flots bleus, de vieux habitués se retrouvent chaque année. Parmi eux, un accro au Benco nommé Patrick Chirac (très bon Franck Dubosc), les Gatineau et leurs enfants, et le couple Pic. Ce couple de retraités vient depuis toujours au même emplacement, le n°17. Mais voilà: ces habitudes vont bientôt être secouées.
Première perturbation, l’arrivée de Michel Saint Josse, chirurgien esthétique tombé en panne sur la route de Marbella. Seconde perturbation, l’installation d’un couple de Hollandais à l’emplacement habituel des Pic, suite à une erreur informatique.
Le camping… miroir de notre société
À partir de cette trame, Fabien Onteniente réussit une belle comédie populaire (1). En dépit de quelques répliques qui sonnent un peu faux, le film parvient à merveille à nous divertir et nous faire réfléchir, sans jamais tomber dans le mépris ou le snobisme. Difficile de ne pas se reconnaître parfois dans tel personnage, à commencer par Jacky Pic, quintessence du Français au camping. Pour lui, vive la routine, l’habitude, le territoire bien marqué! Il ne jure que par le n°17 et le pin qui va avec. Alors, quand ces Hollandais lui «volent» son emplacement, c’est la fin du monde! Le pin de sa parcelle perdue en vient à symboliser peu à peu cette vie de routine et d’habitude qu’il ne veut surtout pas changer. Finalement, à force de ruse et d’obstination, Jacky Pic va parvenir à échanger avec les Hollandais: à eux le n°18, à lui son cher n°17.
Et pourtant, tout bascule
Et Jacky Pic revit! Il a réintégré l’ombre de son pin fétiche. Seulement voilà, un soir d’orage, la tempête arrache le pin adoré, le pin qui représentait, pour Jacky, toute sa vie de campeur. Jacky assiste, incrédule, à cette mort, qui représente un peu la sienne.
À son image, n’avons-nous pas tendance, nous aussi, à refuser de nous remettre en cause ? Enlisés dans nos habitudes, nos distractions, nos futilités confortables? Quand la tempête soufflera, serons-nous prêts à mourir ? De manière indirecte, le film ouvre une porte vers l’espérance. Alors même que le pin meurt, un nouveau-né voit le jour chez les voisins hollandais. Les parents décident de l’appeler… Jacky. Comme pour nous inviter à regarder la mort comme une porte de vie, pour peu qu’il y ait nouvelle naissance.