L’amour reste aujourd’hui une valeur sûre, mais il se veut modernisé, «à la carte», sans engagement trop solennel. À l’image d’un Frédéric Beigbeder pour qui «l’amour dure trois ans», les bien-pensants, qui donnent le ton dans les salons, s’imaginent que c’est seulement sous sa version «light» que l’amour peut encore faire recette aujourd’hui. Est-ce si sûr qu’ils soient dans le vrai?
Le prodigieux succès du film que James Cameron a consacré à la tragédie du Titanic (1) semble démentir ces apôtres de l’amour jetable. Couronné de onze oscars, numéro un au box-office de tous les temps en France, Titanic ne nous propose pas l’amour au rabais, mais un amour qui va jusqu’au sacrifice. Au travers de l’idylle qui se tisse durant la traversée de l’Atlantique entre Rose Calvert (interprétée par Kate Winslet) et Jack Dawson (interprété par Leonardo di Caprio), James Cameron renoue avec ce qui fait le cœur de l’amour: un engagement total, un don de soi tourné vers le bien de l’autre. Tant pis si la critique branchée n’a pas toujours applaudi: le public, lui, ne s’y est pas trompé, car au fond de chacun de nous brille la signature de Dieu, et cette signature, c’est un amour sacrificiel qui ne fait pas les choses à moitié.
Plus fort que la mort
Au cœur de la tragédie du monde, symbolisée dans le film par le bateau Titanic, réputé insubmersible, fleuron de l’orgueil technologique, nous naviguons dans la nuit. Les obstacles, nous les sous-estimons toujours, mais ils sont là, et tôt ou tard, ils condamnent notre orgueil au naufrage. Ce qui était vrai le 14 avril 1912, nuit de la disparition du Titanic, reste vrai aujourd’hui. Mais dans l’obscurité de nos erreurs, de nos aveuglements et de nos fautes, il est un espoir qui peut tout changer: celui d’un amour plus fort que la mort.
Jack Dawson, le héros du film, est prêt à donner sa vie pour sauver Rose, à l’image de Jésus-Christ lui-même, mort sur une croix pour que les pécheurs aient la vie. «Le plus grand amour que quelqu’un puisse montrer, c’est de donner sa vie pour ses amis» (2). Illustration de cette maxime évangélique, et si Titanic nous invitait, au-delà des mièvreries, à réévaluer nos conceptions de l’amour?