Les figures de l'ombre
Les figures de l'ombre est dans la pure tradition hollywoodienne. Il raconte l'histoire vraie d'un groupe de femmes noires américaines qui ont joué un rôle peu connu et pourtant essentiel dans le programme spatial.
La guerre froide bat son plein et la compétition entre l'URSS et les USA se focalise sur la course à l'espace. La NASA emploie des femmes afro-américaines qui, ségrégation raciale oblige, sont reléguées dans un bâtiment éloigné où elles font un travail de calculatrices, sans aucun espoir de promotion, quelles que soient leurs compétences. Le film raconte l'ascension de trois d'entre elles, malgré de nombreux obstacles.
Le sujet de la conquête spatiale a déjà donné naissance a d'excellents films américains (L'étoffe des héros ou Apollo13, par exemple) et Les figures de l'ombre s'inscrit bien dans cette lignée, en mettant la lumière sur un aspect méconnu du programme spatial. La reconstitution est minutieuse et le film nous replonge dans une époque, finalement pas si éloignée, où la condition des femmes et des Noirs était inadmissible. C'est un bel hommage à trois combattantes de l'ombre, superbement interprétées par un trio d'actrices pétillantes (Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Moroe). Et même si des sujets graves comme la ségrégation raciale ou importants comme le droit des femmes sont évoqués, le film reste léger et extrêmement divertissant (avec la bande originale signée Pharrell Williams).
Get out
Get Out est d'un tout autre genre. Chris et Rose forment un couple mixte qui file le parfait amour depuis plusieurs mois et le moment est venu pour Rose de présenter Chris à ses parents. Et même s'il est Noir, Chris n'a pas à s'inquiéter : les parents de Rose ne sont pas du tout racistes. Mais bien vite, il perçoit une atmosphère étrange dans la famille...
Get Out n'est pas exactement un film d'horreur. C'est plutôt une satire sociale acide qui utilise, avec brio, les codes du film d'horreur. Ancré dans l'Amérique d'aujourd'hui, le film dénonce le racisme, mais il a l'intelligence de s'attaquer au "racisme ordinaire", celui qui se cache derrière de belles paroles et des arguments politiquement corrects (vous savez, ceux "qui ne sont pas racistes puisqu'ils ont un ami noir ou arabe"...) !
Le scénario, très malin, multiplie les détails apparemment anodins qui prennent tout leur sens au fur et à mesure du film. Une atmosphère trouble s'installe petit à petit et crée le malaise, le scénario réserve des surprises, des moments vraiment flippants, avant de basculer dans l'horreur, le tout avec un humour grinçant. C'est vraiment très original, fort bien mis en scène. Daniel Kaluuya, le jeune acteur principal, y révèle tout son talent. Pour la première réalisation de Jordan Peele, c'est un coup de maître !
Le malaise que crée le film est salutaire et propice à alimenter d'intéressantes discussions autour du racisme.