Il arrive que les héros soient fatigués. Et que l'espoir s'éteigne.
Au début de ce dernier opus consacré au super-héros américain Batman (l'homme chauve-souris), la ville de Gotham paraît calme. L'unité anti-crime fait régner l'ordre. Et cela fait huit ans que Batman, fugitif, reclus et aigri, ne fait plus parler de lui.
Fausse tranquillité
Mais voilà qu'une menace terrifiante étend peu à peu son ombre sur la ville. Bane, terroriste sans pitié, sanglé dans un masque hideux, est arrivé à Gotham. Son plan, implacable, vise à déstabiliser progressivement toute l'organisation de la cité, frappant tous les points stratégiques. Puis l'étape suivante, fruit d'une vengeance, est la destruction nucléaire de Gotham.
Au fil de scènes spectaculaires et angoissantes, comme l'attaque armée de la Bourse (qui provoque la ruine de Bruce Wayne, alias Batman), Bane avance ses pions. Terré dans les égouts de la ville, il symbolise les forces obscures. La haine est son moteur. Rien ne semble pouvoir lui résister, pas même Batman.
Se sauver soi-même ?
Ce dernier reprend du service mais paraît dépassé. Surclassé par Bane, il est capturé et envoyé dans la prison la plus terrible qui soit. Un trou à rats, perdu dans le désert. Personne ne s'en est jamais échappé. Personne ? La prison comporte pourtant un puits profond, qui s'ouvre sur l'air libre. Mais voilà : les prisonniers sont incapables d'escalader ce puits. Trop dur ! Trop haut ! Trop glissant ! Ceux qui s'y risquent se fracassent contre les parois, et perdent souvent la vie.
À l'image de personnages de la Bible enfermés dans un puits ou une citerne, Batman est dans la nasse. Tel le "puits de l'abîme" décrit dans le livre biblique de l'Apocalypse, sa prison annonce la désolation et la mort.
Saisir l’espérance
Une chose va pourtant éviter à Batman de sombrer dans la résignation : le témoignage de plusieurs prisonniers qui affirment avoir vu un enfant parvenir à s'échapper du terrible puits.
En témoignant ainsi, ces compagnons d'infortune brisent la chape de plomb qui menace de les écraser. En témoignant, ils se font passeurs d'espoir. Et si ce puits était une image de notre condition, captive d'une obscurité persistante ? Et si ce témoignage d'une libération possible par un enfant renvoyait, en lointain écho, à la « Bonne Nouvelle » de l'Évangile où le salut s'incarne dans une crèche ? C'est peut-être aller un peu loin. Il reste que c'est le témoignage de ses compagnons prisonniers qui va motiver Batman et l'encourager à tenter l'impossible.
Un autre ingrédient intervient alors : la redécouverte de la peur de la mort, qui lui donne le « plus » dont il a besoin pour jaillir hors du puits. Une forme de conversion symbolique s'opère : c'est en se dépouillant de son orgueil et en retrouvant sa fragilité que Batman saisit la promesse transmise par les témoins, et s'extirpe de sa prison.
Il deviendra à son tour passeur d'espoir.