«Ça va, Jésus?» C’est dans ces termes qu’Odette (1) interpelle de temps à autre un personnage énigmatique aux allures de Jésus-Christ, sorte de concierge discret, qui accompagne mystérieusement les étapes de son existence. Des étapes, Odette en a connu des dures.
Dur dur la vie!
Vendeuse, le jour, au rayon Cosmétiques d’un supermarché, plumassière le soir, elle a perdu son mari depuis dix ans et doit gérer, la quarantaine venue, une vie compliquée avec ses deux grands enfants: l’un, son fils, est devenu coiffeur, et homosexuel. L’autre, sa fille, est mal dans sa peau et caractérielle, traînant le fardeau d’une puberté douloureuse. Au quotidien, Odette fait face aux besoins et récriminations de l’un et de l’autre, à l’étroit dans son modeste appartement de banlieue, et le travail ne manque pas! Son échappatoire, elle le trouve dans la lecture. Elle est folle des romans de Balthazar Balsan, son auteur préféré. Elle rêve de le rencontrer....
Refuge dans la joie
Balsan, quant à lui, mène une vie bien plus facile en apparence. Il est beau, séducteur, riche et célèbre. Il vit à Paris, dans une maison luxueuse. Quoi demander de mieux? Pourtant, Balsan n’est pas heureux, à l’inverse d’Odette qui, malgré sa vie difficile, respire la joie de vivre. C’est alors que par un enchaînement burlesque de situations improbables, les deux trajectoires vont se télescoper. Environné de superficialité, pris au piège de la célébrité, Balsan va trouver refuge chez Odette, suite à une lettre que cette dernière lui avait écrite. En quête d’une relation authentique, d’un amour non hypocrite, Balsan va trouver en Odette des trésors insoupçonnés...
Salut dans l’amour
Cette délicieuse comédie en forme de conte de fée n’est pas à prendre trop au sérieux, mais à déguster comme une bêtise de Cambrai, pleine de goût et de couleurs. Avec une tendresse infinie pour ses personnages, Éric-Emmanuel Schmidt nous brosse le portrait, plein d’espérance, d’une rédemption. Dans un monde rempli de masques, gouverné par l’appât du gain, il nous rappelle que le salut n’est pas dans le culte du bling-bling, mais dans un amour qui se sacrifie: on comprend, dès lors, la présence étrange de Jésus auprès d’Odette, lui qui a montré son amour pour «Toulemonde» jusqu’au sacrifice à la croix, afin de nous apporter le salut.